Midi-Plan : une traversée rondement menée
Midi-Plan : une traversée rondement menée

Midi-Plan : une traversée rondement menée

25 juin 2015 / Midi-Plan, redescente par le glacier d’Envers du Plan

Celle-ci, je l’avais dans mon collimateur depuis quelques années. Midi-Plan, c’est à dire la traversée de l’aiguille du Midi à l’aiguille du Plan est une grande classique pas difficile car sans trop de dénivelé positif. Olivier l’ayant déjà pratiquée avec son frère, il m’a fait connaître son guide, Michel Bordet (http://is.gd/kCajRe) avec qui je l’ai donc effectuée. A l’inverse de nombreux guides qui se contentent d’emmener leurs clients à la base de l’aiguille du Plan, sans parfois même la gravir, et faire demi-tour (ce qui n’est pourtant pas bien ardu, une fois l’itinéraire de montée trouvée), Michel proposait lui de non seulement grimper au sommet mais ensuite redescendre par le glacier d’Envers du Plan, celui-là même qui débouche à l’extrémité du glacier du Géant, donne accès au refuge du Requin et, plus loin, à la mer de Glace.

Là voilà en effet la véritable course Midi-Plan, soit une boucle exceptionnelle au-dessus de la vallée de Chamonix dans un premier temps, puis au cœur de l’un des plus somptueux paysages glaciaires que la Terre a formé. Nous voilà donc partis de bon matin à l’assaut de l’aiguille du Midi, soit 2800 m de dénivelé en… 20 minutes. Merci le téléphérique ! Une première pour moi. Une fois en haut, le petit portillon donne le top départ. Il marque la frontière entre les non alpinistes qui regardent partir les bienheureux harnachés de toutes parts, parfois avec envie. La première partie de l’itinéraire s’effectue en légère descente dans une large trace, voir même un boulevard ! Puis l’arête devient plus fine et la pente se raidit tandis que, sous nos pieds s’étend la vallée de Chamonix, minuscule à cette altitude.

C’est ensuite la remontée vers le Rognon du Plan, sorte d’éperon rocheux que nous longeons côté ouest. Le terrain est aérien, entre neige et rocher et mieux vaut être bien assuré et attentif. Puis viennent deux rappels avant d’entamer la pente sommitale de l’aiguille du Plan. Pour gravir le sommet, nous avons déposé nos sacs et avons joué du rocher (ludique !) pour arriver à une belle plateforme bien horizontale d’où la vue est évidemment imprenable. Voilà 3 heures que nous étions partis de l’aiguille du Midi. Il était 11 h et l’omelette au refuge du Requin était toujours envisageable… Encore fallait-il descendre le glacier d’Envers du Plan et déjouer ses crevasses masquées par des ponts de neige, sa pente parfois en glace et son itinéraire tortueux.

Michel m’a fait faire une boucle sur la corde près de mon baudrier, au cas où lui-même tombe dans une crevasse. Ainsi, en passant mon piolet dans la boucle et en l’enfonçant dans la neige, j’effectuerai un « point mort » relâchant la pression de son poids sur moi. A lui ensuite de remonter sur corde grâce à une technique spécifique. Heureusement, cela n’a pas eu lieu. Nous avons effectué la première partie de la descente dans une très large pente au beau milieu d’une ancienne coulée, afin de profiter d’une bonne neige. Pas toujours à l’aise, j’en ai profité pour parfaire mon accroche sur terrain en pente, sur les conseils de Michel. Nous avons ensuite récupéré une ancienne trace que nous avons suivie sous un cagnard digne du Sahara. La neige s’était d’ailleurs fort ramollie et nous nous enfoncions parfois jusqu’au genou.

IMG_1944Mais cet itinéraire valait vraiment le détour, le paysage sauvage de ce glacier tourmenté alors que nous étions évidemment seuls, me nourrissant de souvenirs visuels pour plus-tard. J’étais d’ailleurs bien content et tranquillisé de suivre Michel dans ce no man’s land ! Il me donnait conseils avisés à chaque passage olé olé, notamment ces quelques mètres en glace vive où je n’en menais pas large. Preuve que cet itinéraire n’est pas à entreprendre sans guide, le gardien du refuge du Requin qui devait rejoindre le lendemain un autre refuge proche de l’aiguille du Midi préféra faire le grand tour par la mer de Glace plutôt que de s’engager seul sur ce raccourci risqué.

OLYMPUS DIGITAL CAMERANous atteignîmes le refuge vers 13h pour jouir de quelques gorgées de bière et d’une omelette exceptionnelle dans un cadre sublime. Il ne nous restait plus ensuite qu’à redescendre en empruntant des échelles. Le gardien nous mit en garde sur le fait que celles-ci s’étaient un peu détériorées durant l’hiver et qu’il manquait quelques protections entre deux parties de celles-ci. Effectivement ! Arrivé au bas de l’une d’elles, il fallait se pencher pour en récupérer une seconde du côté opposé d’un dièdre. Nous nous étions décordés si bien que toute fausse manip était ici interdite ! La suite fut plus tranquille, avec toutefois un peu de recherche d’itinéraire à cheval sur de vastes et profondes crevasses puis l’hôtel du Montenvers fit son apparition au loin. D’énormes éboulements étaient bien visibles en rive droite de la mer de Glace, preuve une fois de plus que le réchauffement est en marche et que des pans de montagne dégringolent.

OLYMPUS DIGITAL CAMERADe retour à Chamonix autour d’un dernier panaché, nous avons pris date pour l’an prochain pour la traversée des aiguilles de Rochefort couplée à l’ascension de la dent du Géant, autre grande classique du massif du Mt-Blanc. Merci Michel !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *