25 juillet 2016 / Aiguilles d’Entrèves, traversée SW -> NE
Les aiguilles d’Entrèves, c’est un peu comme les montagnes russes : trop bon mais trop court ! C’est Gilles Fleury, mon guide (http://www.guide-cham.com) qui m’avait proposé cette course « hors d’œuvre » en prévision le lendemain du combiné Géant/Rochefort. Pensez bien que je n’ai pas refusé cette alléchante proposition pour un tarif du reste inchangé (merci Gilles), et puisque de toute manière nous devions monter au refuge Torino la veille, autant ne pas perdre une demie-journée à ne rien faire.
Après avoir gravi sans effort aucun et en quelques minutes seulement les quelques 2000 m de dénivelé séparant la vallée de la pointe Hellbronner grâce au tout nouveau téléphérique SkyWay Monte Bianco (http://goo.gl/6b5BP9) qui, comble du luxe, effectue des rotations lentes à 360° afin que les voyageurs ne perdent pas une miette du fabuleux panorama qu’offre cette monstrueuse face Sud Est, nous avons déposé nos effets superflus au refuge et sommes partis en direction du col d’Entrèves.
Je découvrais pour la première fois le côté italien du Mont Blanc, soit un gigantesque désert blanc ondulant, avec une vue incroyable sur la dent du Géant et, au loin, l’aiguille du Midi et la majestueuse aiguille Verte. L’approche jusqu’au col est très plaisante et s’effectue en environ 1 h avec, comme paysage rêvé, la tour Ronde et le Grand Capucin, où des alpinistes avaient planté là leurs tentes en prévision de l’attaque tôt le lendemain. Auparavant, Gilles m’avait fait passer tout près d’une gigantesque crevasse où, il y a quelques années encore, se trouvait un téléski, avant que celui-ci ne finisse tout au fond, preuve une fois de plus du réchauffement climatique. Une fois arrivés au col d’Entrèves, nous sommes dans la ligne de mire du début de la course, soit un terrain en mixte s’élevant peu à peu, véritable invitation à une chevauchée menant à 3600 m d’altitude, la plupart du temps à corde tendue.
J’étais comme un gamin sous un arbre, bavant de plaisir à la pensée d’y grimper pour se retrouver au top ! J’ai suivi Gilles, à travers une progression facile. Le terrain est tout de suite aérien et s’élève lentement jusqu’à un passage ludique, soit une sorte de brèche menant à un surplomb pas bien compliqué à escalader, une fois les prises de pied repérées. La suite est un enchantement. Nous avançons sur le fil de l’arête, le vide pour seul compagnon, et toujours devant nous le déroulé des aiguilles, aériennes à souhait, d’une beauté parfaite.
Le point clé de la chevauchée se situe un peu plus loin, un pas d’escalade précédant le sommet comportant peu de prises mais néanmoins facilement franchissable grâce à des sangles. Le point culminant est ensuite très vite atteint puis vient déjà la longue redescende, toujours sur le fil et jamais bien compliquée. Elle s’achève par un rappel et c’est ici que nous avons eu la visite de 3 chocards à bec jaune, aussitôt après nous être arrêtés un moment pour grignoter des barres. Pas farouches pour deux sous, ils étaient à moins de 1 mètre de nous. Nous leur avons lancés quelques friandises qu’ils récupéraient aisément en vol, d’un simple coup d’aile !
Un moment magique de plus à savourer en haute montagne. Le rappel passé, nous avons longé la base des aiguilles jusqu’à nous retrouver face à l’immense rimaye impossible à franchir à pied car bien trop profonde. Gilles a donc installé un rappel et m’a fait descendre jusqu’à sa base. Puis ce fut son tour. Une fois à mes côtés, il a tiré vigoureusement sur la corde qui s’est détachée subitement. Je lui ai demandé comment il avait effectué ce tour de magie, et il m’a répondu que c’était un nœud « un peu spécial » ! Puis nous voilà de retour dans l’immensité blanche et immaculée.
J’ouvre la marche. Il allait falloir remonter ce que nous avions descendus à l’aller, logique ! Peut-être suis-je allé un peu vite, toujours est-il qu’au beau milieu de la pente ascendante, j’ai été obligé de m’arrêter pour avaler des barres supplémentaires et boire un coup. La crise d’hypoglycémie n’était pas loin ! « Il ne faut pas se mettre dans le rouge » m’a conseillé Gilles. Il avait raison et c’est du reste lui qui est repassé devant en imprimant un rythme bien plus lent que le mien. Nous sommes arrivés sans encombre au refuge Torino et avons préparé nos sacs pour la grande aventure du lendemain, la double course Géant-Rochefort.