13, 14 mai 2013 / Dôme & sommet de Bellecôte
Après mon échec à Sialouze en septembre 2012, bien qu’ayant tout de même gravi environ 1900 m en 2 jours ainsi que 3 longueurs, je m’étais bien juré de repartir de l’avant ! Dès avril, Olivier et moi-même, nous nous étions donc mis à scruter la météo. Hélas, les conditions dépressionnaires ainsi que les montagnes de neige tombées sur les Alpes cet hiver rendaient toute sortie impossible. Fin avril, un créneau semblait pourtant se préciser. Nous pensions pouvoir entreprendre la traversée du Mont Pourri, voire même enchaîner avec la montée au sommet de Bellecôte. Hélas, après un coup de fil au Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne, nos espoirs étaient vite douchés, le gendarme ayant répondu à Olivier que si la montée au Mont Pourri s’avérait possible, la descente, elle, comportait des risques avérés. De plus, le risque d’avalanches demeurait scotché sur Marqué à Fort par Météo France. Bref, nous avons pris notre mal en patience jusqu’à ce WE du 11 mai où toutes les météos indiquaient la même chose : grand beau sur la Vanoise les lundi 13 et mardi 14 mai. Nous avons donc décidé de partir à la dernière minute, avec pour unique but le dôme puis le sommet de Bellecôte (http://www.camptocamp.org/summits/39524/fr/sommet-de-bellecote). Bien nous en a pris ! Après un départ au petit matin sous la pluie, nous sommes arrivés en train à Chambéry sous un soleil radieux, avons enfourné un bon repas en terrasse puis avons pris la direction de Moutiers en TER.
Un taxi nous a ensuite véhiculé dans la charmante vallée préservée de Champagny jusqu’au refuge du Bois. Nous avons remonté cette vallée jusqu’au refuge du Laisonnay avant d’attaquer l’ascension vers le refuge de Plaisance. Pas de neige à cette altitude et seuls des chamois scrutaient notre progression jusqu’au moment où ils ont estimé qu’il valait mieux filer. En s’enfuyant sous une barre rocheuse, ils ont fait partir quelques cailloux, certains de belle taille, dans notre direction. Olivier m’a tout de suite indiqué la marche à suivre : fixer la direction de chaque pierre et se déplacer prestement au cas où l’une d’elles déboulerait vers nous. Bref, plus de peur que de mal, la morale étant que même en moyenne montagne le risque d’accident n’est pas totalement nul.
Nous avons rencontré la neige en haut de la sublime cascade, le chemin en étant ensuite vite recouvert de plusieurs centimètres. A tel point qu’à un endroit, en surplomb du torrent, un passage s’avérait particulièrement délicat, une glissade nous faisant immanquablement atterrir dans ce dernier, très puissant à cette époque de l’année. Une fois cette difficulté derrière nous, le reste du cheminement s’est effectué sans encombre dans une neige molle, jusqu’au refuge. S’y trouvaient 4 personnes venus effectuer des raids à ski.
C’était la première fois que je découvrais un refuge aussi confortable bien que non gardé : électricité d’origine solaire, chauffage émanant d’un poêle à bois, réchaud à gaz… Nous avons passé une bonne soirée en compagnie de ces autres convives puis sommes partis nous coucher vers 9 h dans le chalet de droite, renfermant un dortoir de 46 lits. Lever à 4 h du matin pour un départ environ 1 h plus-tard. La remontée vers le Cul du Nant s’est effectuée à la frontale mais la clarté est arrivée très rapidement. A cette heure de la journée et jusqu’au sommet, nous avons trouvé des conditions idéales : pas de vent, une neige bien dure, un vrai plaisir pour les crampons ! Nous avons évité la voie normale qui passe dans un creux qui ne nous inspirait pas confiance pour remonter sur la gauche et entreprendre une large boucle qui nous a menée facilement au glacier du Cul du Nant.
Paysage sublime que ces dômes immaculés, sortes de désert en neige dure avec vue imprenable sur la Grande Casse et la Grande Motte, dès que nous pensions à nous retourner. Nous avons ensuite pris pied sur le dôme de Bellecôte. Le vent y soufflait fort et nous avons fait quelques pas avant de nous diriger vers le sommet où nous attendait, sur une soixantaine de mètres, un pente d’au moins 40°. Après avoir accroché nos sacs à un rocher, nous avons entrepris la grimpe finale, non sans nous assurer l’un après l’autre en enfonçant nos piolets dans la neige. Une fois arrivés sur l’arête toute en neige, nous avons progressé précautionneusement jusqu’au sommet, pas bien large mais duquel nous avions une vue imprenable sur les sommets avoisinants (le fameux Mont Pourri) et plus lointains (la chaîne du Mt Blanc bien sûr).
Il était 9 h passé et il nous fallait déjà redescendre avant que la neige ne change trop d’aspect. Du sommet, nous avons aperçu une personne qui était montée jusqu’au dôme avant de faire demi-tour. Nous avons suivi ses traces lors de la descente, traces qui nous ont conduites à un passage dangereux, en amont du fameux creux que nous avions évité à l’aller. Nous progressions sur une neige dans laquelle nous nous enfoncions à chaque pas, le vide à notre gauche, et étions dans l’impossibilité de nous assurer. Quelques dizaines de mètres que nous avons franchi le plus lentement possible avant de prendre pied à nouveau sur des pentes moins délicates. Le reste du parcours s’effectua dans une neige de plus en molle et dans laquelle nous nous enfoncions presque à chaque pas, enfin… surtout Olivier ! Nous sommes arrivés au refuge vers 12 h sans même avoir utilisé les raquettes.
En l’atteignant, nous avons rencontré l’un des gardiens du parc de la Vanoise en compagnie de son épouse et son fils. Ils étaient monté pour entretenir les chalets, casser la croûte et observer le vol d’un magnifique Gypaète barbu (http://fr.wikipedia.org/wiki/Gypa%C3%A8te_barbu) réintroduit dans les Alpes françaises. Nous avons ensuite pris le chemin de la descente et, après avoir à nouveau franchi la difficulté située au dessus du torrent, avons croisé une jeune randonneuse sans aucun équipement à part… son baladeur. Nous lui avons conseillé de faire demi-tour car, sans au moins des bâtons, voire un piolet, il était fort risqué de s’aventurer dans la pente neigeuse et instable en amont du torrent. Elle a fini par rebrousser chemin sans même saluer ses sauveteurs, nous qui lui avions certainement sauvé la vie ! Une fois dans la vallée, nous avons eu la chance d’être pris assez rapidement en stop, si bien que nous avons eu assez de temps pour déjeuner à Moutiers et repartir avec quelques fromages du coin. Bref, une course idéale pour se remettre en jambe avant peut-être l’aiguille Verte (http://www.camptocamp.org/summits/38615/fr/aiguille-verte)… si le temps le permet !
Que de belles images – merci Stéphane !