21 septembre 2018 / Sirac, arête Nord
Encore une course qui me trottait dans la tête depuis 3 ou 4 ans… L’arête nord du Sirac (https://goo.gl/Mvfx1i) est certainement la meilleure solution pour arriver à sa cime, étant donné la dangerosité de la voie normale (remontée d’un glacier sujet aux chutes de pierres) sans compter que celle-ci n’a pas grand intérêt. C’est néanmoins par ce cheminement hautement paumatoire que nous redescendrons de cette montagne crénelée, à l’extrême sud du parc des Écrins.
C’est Yann Romaneix (https://goo.gl/aqwXWS) qui me pilotera depuis le refuge de Vallonpierre, un endroit exceptionnel d’une beauté brute (https://goo.gl/Yx9qfM). Depuis celui-ci, la face Ouest du monstre semble pouvoir être touchée du doigt tant elle est imposante. Il faut dire que l’approche jusqu’au pied de la voie ne dépasse pas les 30 minutes. Yann l’aura interprétée la veille aux jumelles. Elle nous fait notamment longer la gauche d’un névé caractéristique bien visible à l’œil nu.
S’en suivent quelques pas de 3 qui nous portent à la seule et belle longueur en 4+ que nous franchirons à la frontale, puisque partis du refuge vers 4h30 du matin. Le cheminement conduit ensuite logiquement à la brèche par de l’escalade facile. Nous débouchons sur un terre-plein d’où l’arête, extrêmement large à cet endroit, ne ressemble pour le moment pas vraiment à grand-chose ! Cet entame permet de se chauffer avant le plat de résistance menant au sommet.
Ce n’est que bien plus haut que l’arête s’affine et finit par avoir de la gueule. Aucune difficulté jusqu’au sommet mais un superbe et long parcours aérien (comptez 4h à 6h) qui nous fait notamment longer un gigantesque névé accroché à la paroi. Une fois parvenus à sa cime, un vaste panorama nous attend avec, au premier plan, les multiples arêtes de cette montagne caractéristique qu’il est possible de parcourir en traversée. Nous avons fait une halte bien méritée, grignoté un peu histoire de reprendre de l’énergie pour la suite.
Puis ce fut la descente ! En fait, j’étais curieux de savoir comment cela allait se passer étant donné que j’avais entendu beaucoup d’histoires à son propos. Olivier qui l’avait pratiquée il y a plus de 20 ans s’y était perdu et avait mis des heures avant de repasser la porte du refuge, la gardienne attendant les valeureux galériens avec des couvertures ! Yann lui, y avait emmené un client précédemment et en avait profité pour la mémoriser. Fort heureusement d’ailleurs !
Certains passages clés donnent à penser qu’il est logique de partir dans telle direction alors qu’en fait la voie continue par un tout autre chemin. Celle-ci, lorsqu’on a l’itinéraire en tête, n’est pas bien compliquée. Dans le cas contraire, on a vite fait de douter et perdre un temps précieux. A un seul moment, la désescalade s’est avérée un peu « banzai » mais cependant bien protégée. Une fois encore la difficulté majeure consiste à sans cesse détecter le bon cheminement jusqu’au glacier de Vallonpierre. Avant de prendre pied sur celui-ci, plusieurs rappels s’enchaînent. Yann ne trouvait pas le second et pour cause… il n’existait pas. Il a dû remonter (la paroi est peu inclinée à cet endroit) jusqu’à moi pour me faire descendre jusqu’au rappel suivant, puis m’a rejoint en désescalade. Pose des crampons puis dernier rappel venant mourir sur une langue gelée très inclinée constituée de glace dure.
Je suis très à l’aise sur ce type de terrain comme on peut s’en apercevoir sur cette photo ! Peu habitué à pratiquer la glace vive, j’ai attendu que Yann me rejoigne pour mieux sécuriser la descente. Descente qui s’avère à cet endroit délicate à cause des chutes de pierres. Du reste me dira-t-il plus-tard, une caillasse de la taille d’un four à micro-ondes était passée non loin de nous… Mieux valait ne pas trop traîner en cet endroit !
L’envers du décor des montagnes aujourd’hui n’est pas bien beau à voir. Cela m’a rappelé la descente du Mont Pourri effectuée ce même printemps. Les glaciers s’éteignent à petit feu, le terrain se délite, les pierriers s’étendent de plus en plus transformant la terre en no man’s land lunaire…
Nous avons fini par atteindre la langue terminale annonciatrice de la dernière partie de la descente, à savoir un long cheminement contournant la Mourière par le creux du même nom, une bizarrerie du relief rendant impossible l’accès direct au refuge.
Grâce à Yann, nous avons tout de même réalisé cette course rapidement et plutôt facilement sous un beau ciel bleu.

La vidéo du sommet ici : https://goo.gl/upMKN1