Un balcon en Écrins
Un balcon en Écrins

Un balcon en Écrins

Arête sud du Pic du glacier Blanc / 1er juillet 2018

Celle-ci, je l’ai abordée nonchalamment, en oubliant presque qu’une course d’arête à 3500 m d’altitude après approche glaciaire n’est jamais à prendre à la légère ! Et quelle course…

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Le refuge du glacier Blanc et la langue terminale du glacier.

L’arête sud du pic du glacier Blanc se déroule dans un panorama grandiose digne des documentaires du National Geographic. Sous la première longueur, la plus ardue et esthétique en même temps qui nous mènera au début de l’arête, le spectacle est déjà incroyable.

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Au loin l’impressionnante barre des Écrins, muraille frontale, culmine à plus de 4000 m d’altitude. En avant-plan, le glacier Blanc, que je considère comme le plus majestueux des Alpes françaises, étale sa grâce. De part et d’autre, des montagnes aux noms évocateurs nous entourent : Roche Faurio, Roche Paillon, pointe Louise, pointe de la Grande Sagne… Autant de monstrueux résidus rocheux qui ont émergé voilà des milliers d’années lorsque le glacier a commencé à perdre en épaisseur. Ils font aujourd’hui la joie des alpinistes.

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En ce jour de 1er juillet, Olivier et moi partons du refuge du glacier Blanc surplombant la moraine et sa langue terminale torturée au possible, d’une beauté à couper le souffle. La trace est bien marquée mais nous nous encordons tout de même jusqu’à parvenir sous ce qu’il nous semble être le pic du glacier Blanc. La remontée jusqu’au pied de la voie par de la pierraille et des bandes de neige n’est pas bien compliquée. En nous préparant à l’attaque de la voie, nous voyons arriver jusqu’à nous deux personnes. Ce sont des Anglais, d’un certain âge, l’homme grand au flegme tout britannique accompagné d’une femme. Est-ce sa fille, sa moitié ? Difficile à dire. On se salue puis nous attaquons la première longueur dans un joli dièdre qui débouche au tout début du long parcours de l’arête.

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Nous progressons rapidement et facilement dans un environnement que nous affectionnons tout particulièrement. Le rocher est bon, le paysage incroyable, le temps parfait, nous sommes aux anges. Et les Anglais pas bien loin ! Alors qu’Olivier gravit un gendarme (pilier ou bloc isolé, sur l’arête d’une montagne) par son faîte, ils décident de le contourner nous dépassant par la même occasion. Visiblement ils maîtrisent à la perfection l’art de progresser en cordée et semblent bien connaître cette voie. Ils communiquent par cris dont nous ne comprenons pas grand chose. Les voilà devant nous à l’approche du premier rappel. Lorsque nous l’atteignons à notre tour, nous nous apercevons qu’il est très inconfortable, « banzai » diraient certains. Situé en contrebas de l’arête, l’on doit y accéder précautionneusement pour venir se vacher (s’attacher aux cordes et sangles formant le rappel) avant de descendre jusqu’à une mini-brèche où mieux vaut ne pas être claustrophobe !

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D’ici, la remontée semble vertigineuse. Mais, comme souvent en montagne, ce qui paraît infranchissable de loin, s’avère facile en définitive. Le cheminement n’en est pas moins long jusqu’à nous conduire au second et dernier rappel, bien plus luxueux celui-là ! Nous apercevons de temps à autre les Anglais qui ont définitivement creusé l’écart. La fin du parcours d’arête jusqu’au sommet est une suite de rampes, fissures et vires dont l’échappatoire n’est guère possible en cas de mauvais temps. Fort heureusement, un bleu intense nous accompagnera toute cette belle journée.

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La vue est bien évidemment exceptionnelle au faîte du pic du glacier Blanc. Un incroyable balcon sur l’ensemble du site de la barre des Écrins mais aussi sur le Pelvoux et bien plus loin encore jusqu’aux aiguilles d’Arves, comme on peut le voir sur cette vidéo prise du sommet : https://goo.gl/BxmUpL.

La descente n’est ensuite pas bien compliquée, de même que le retour vers le refuge. Arrivés sur la terrasse, quelle surprise ! Nos Anglais sont là en train de ranger leur matériel. Nous discutons avec eux et apprenons qu’ils sont bien mari et femme (on avait sérieusement douté !), qu’ils sont tombés amoureux du coin et ont déserté l’Angleterre pour venir s’y installer il y a de cela quelques années.

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Et donc ils connaissent bien la voie que nous venons de parcourir pour l’avoir pratiquée à de multiples reprises, de même que la traversée de la Meije. Ils nous confient qu’ils continueront à prendre du plaisir à grimper tant que la santé leur permettra. On espère qu’il en sera de même pour  nous !

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La barre des Écrins et le glacier Blanc depuis le sommet du pic du même nom.

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