Le Taillefer par le pas de la Mine / 24 février 2021
C’est sympa le réchauffement climatique, l’on peut désormais effectuer des hivernales printanières au cœur du mois de février ! Comme cette montée au Taillefer (http://bit.ly/3bNClig) par un temps splendide depuis le parking situé au-dessus de la commune de La Morte. En cette belle journée, nous ne sommes pas seuls à vouloir profiter des joies de la montagne, alors que les remontées sont fermées pour cause de Covid.
Des familles se préparent à partir en raquettes, en ski de rando, ski de fond. Des huskies hurlent à la mort. Tout à fait normal puisqu’un équipage de chiens de traineau attend ses clients. Ils sont pressés de partir et fouler la piste damée qui se perd dans les pins. Tout ce petit monde vise les lacs Claret, Punay et de Poursollet, destinations de rêve pour tout randonneur. Quant à nous, nous filons plein est dans la forêt de pins et remontons le flanc de la montagne pas du tout pentue. Notre but premier consiste à parvenir au pied de la crête de Brouffier en remontant une large combe, passage obligé des skieurs de randos. Très vite, nous chaussons nos crampons car le regel de la nuit fut bon. Nous progressons rapidement, sortons de la forêt et remontons cette fameuse combe jusqu’à parvenir au début du commencement de la crête.
Celle-ci fait furieusement penser à un petit dôme du Goûter au Mont Blanc, et semble ne jamais finir. De vastes replats nous font penser que nous en avons bientôt terminé mais lorsque nous les atteignons, un nouveau apparaît un peu plus loin. Finalement, la muraille du Petit Taillefer finit par nous barrer la route. Nous croisons des groupes de skieurs qui se font une joie de dévaler les pentes du Brouffier. Quant à nous, pas question de rebrousser chemin ! Le Taillefer, invisible d’où nous sommes, nous attend. Une récompense qui se mérite puisqu’il faut franchir le Pas de la Mine., à savoir une pente qui se redresse à environ 45° sur une quinzaine de mètres et qui donne accès à la crête sommitale menant au Petit Taillefer. Plein d’assurance, je passe devant Olivier en suivant la belle trace des skieurs de rando et en me disant que cette difficulté sera vite surmontée. Effectivement, la déclivité augmente, la trace se fait plus fine et la neige de plus en plus croutée.
Je finis par me retrouver dans une situation un peu délicate, les pointes avant enfoncées dans cette croûte ne sachant pas vraiment s’il faut continuer ou rebrousser chemin. J’avais bien vu des grosses traces de pas formant une sorte d’escalier quelques mètres auparavant, mais avais pensé que l’empreinte de ski était bien meilleure. Il n’en était rien. Et surtout… nous n’avions pas de piolet ! Olivier avait logiquement pris la bonne décision en s’engageant dans ces marches improvisées. Précautionneusement, j’ai fait demi-tour en tapant furieusement la neige de mes pieds pour faire assurance en creusant de nouvelles marches, et ai fini par le rejoindre. Ouf ! Je fus bien content de déboucher sur la crête que nous avons ensuite suivie jusqu’au sommet du Petit Taillefer avant de redescendre au col du Grand Van. Ravitaillement obligatoire à cet endroit d’autant plus que ces émotions m’avaient creusées. Cette crête qui passe par la croix du sergent Pinelli est un petit chef-d’œuvre d’esthétique en hiver, et un vulgaire tas de caillou en été !
Elle nous a fait penser à un mini-dôme de Miage tant elle est effilée et aérienne. Certainement le clou du spectacle avant la vue du sommet du Taillefer. Celui-ci s’atteint sans problème en remontant une large pente sur environ 100 m de dénivelé. La vue à 360° degré est impressionnante, une large partie des Alpes françaises se dessinant dans le lointain (notre vidéo du sommet : https://youtu.be/IAWWEc95x1c). Et puis il y a cet espèce de cardinal de métal dont on sait pas très bien ce qu’il fait là, il a dû se perdre sans doute dans sa quête de Dieu ! Après en avoir pris plein la vue, nous entamons la longue descente en aller-retour, et donc, de nouveau je vais être confronté au Pas de la Mine. A son approche, l’on se rend mieux compte de la déclivité. Nous descendons face à la pente en faisant bien attention d’enfiler nos pas dans les trous formés par nos prédécesseurs. La suite n’est pas bien compliquée mais longuette jusqu’à la voiture. Une belle journée en perspective finalement menée de main de maître et achevée avant le fameux couvre-feu de 18h en vigueur à ce moment-là pour cause de Covid.