Glacier des Bans / 19 juillet 2019
L’histoire se déroule en juillet 2019. A force de parler montagne à table, ma fille Margot finit par me demander s’il ne serait pas possible de l’emmener faire un petit tour au pays du minéral et de la glace. J’en parle à Yann Romaneix (https://bit.ly/3s8sXe2), guide de haute montagne, qui m’a notamment piloté lors de la traversée du Pelvoux et de l’arête Nord du Sirac. Yann propose soit de gagner le refuge du Glacier Blanc pour aller nous balader sur le majestueux glacier du même nom avec comme cadre la monstrueuse face nord de la Barre des Ecrins, ou nous rendre au refuge de la Pilatte face à la gigantesque face NE des Bans. Je vote pour cette seconde option sachant que je ne connais pas encore ce secteur des Ecrins à la différence de la Barre. Et j’aimerais par la même occasion aller voir d’un peu plus près le pilier NE (https://bit.ly/2Q9eyRH) que je gravirai peut-être un jour.
Nous voilà donc partis Margot et moi avec comme première étape Grenoble où nous trouvons finalement à dormir convenablement, après avoir déguerpi de l’hôtel F1 où nous avions prévu de loger car en travaux alors que nous ne le savions pas. Le lendemain, nous partons en direction de la Bérarde sans trop nous presser dans le but de déjeuner sur place puis nous rendre au refuge de la Pilatte à près de 2100 m d’altitude. Le temps de parcours est donné en 3h45 environ. Déjeuner idyllique dans la pizzeria du coin sous un beau soleil, de quoi prendre des forces avant d’enfiler la dizaine de km qui nous sépare du refuge et gravir ses quelques 860 m de dénivelé. Les 3/4 de l’itinéraire se déroulent en faux plat le long de la charmante et verte vallée du Vénéon.
Un parcours de rêve pour les randonneurs, grimpeurs et alpinistes se rendant au refuge de Temple-Ecrins ou de la Pilatte, ou qui effectuent un simple aller-retour jusqu’à la cabane du Carrelet. Ensuite, place à la montagne brute et austère avec la remontée sur 700 m de 350 m de dénivelé environ. Margot, peu habituée à de longues marches d’approche, a un peu tiré la langue lors de cette dernière partie non sans traverser brillamment son premier névé !
Nous sommes arrivés peu de temps avant le dîner servi tôt en refuge de haute montagne, certaines courses exigeant de se lever vers 2 ou 4h du mat. La journée du lendemain ne nécessitant pas de nous réveiller à point d’heure, c’est vers les 6h00 que nous avons quitté le refuge pour entreprendre la descente torturée jusqu’à la langue glaciaire qui, comme tous les glaciers des Alpes, fond presque à vue d’œil. Ce parcours à froid de quasi Via Ferrata a de quoi nous extraire des dernières torpeurs du sommeil ! Il se termine par la descente d’une échelle banzai avant de pouvoir enfiler les crampons.
Yann apprit à Margot à marcher avec des crampons, pas toujours évident la première fois. Il faut notamment faire attention à ne pas trébucher et, en montée comme en descente, adapter une sorte de position en crabe qui augmente la stabilité par rapport au dénivelé rencontré. Nous voilà donc partis à l’assaut du glacier de la Pilatte, tout d’abord en pente douce puis en légère remontée avant que la pente ne s’accentue.
Nous fîmes une large boucle qui nous pris plusieurs heures durant lesquelles Margot inaugura le maniement du piolet, et éprouva les sensations de dénivelé prononcé en prenant confiance en la sécurité apportée par les pointes des crampons. Un chouette tour dans un cadre grandiose entrecoupé d’une pause déjeuner bienvenue grâce aux repas à emporter préparés par la gardienne du refuge. Nous avons dû effectuer environ 300 m de dénivelé avant de prendre le chemin du retour pour ne pas rater le repas du soir. Le lendemain j’ai laissé Margot se reposer et je suis parti avec Yann gravir le mont Gioberney d’où la vue sur les géants de l’Oisans est exceptionnelle. De retour vers 8 h (du matin !) au refuge, nous avons pris le chemin de la Bérarde en suivant le versant gauche du Vénéon, un sentier sauvage à flanc de montagne traversant des torrents. Une rando idéale pour clore ce chouette moment en montagne.