Escalade Parc National des Calanques
15/11/21 : Grotte du Capélan et traversée du Bec
16/11/21 : Calanque de Sugiton, Le socle de la Candelle : Le Temple
17/11/21 : Calanque d’En-Vau, Secteur les Américains : La Calanque / Saphir / Petite Aiguille NO
18/11/21 : Calanque de Sormiou, Secteur Rumpe Cuou : Action Anticalcaire suivie des dernières longueurs de La Farniente des Oursins
Nous voici donc arrivés à la gare d’Aix TGV sous un ciel mi figue-mi raisin. Décidément, la météo 2021 n’aura pas été clémente pour nos sorties montagne ! En approchant des Calanques, Yann Romaneix (guide de haute montagne qui nous pilote sur ces 3 jours) réfléchit à une activité autre que de la grimpe pure en ce lundi après-midi pluvieux. Et pourquoi n’irions-nous pas nous abriter dans une grotte ? En voilà une bonne idée ! D’autant que des grottes, ce n’est pas cela qui manque dans le coin. Certaines sont même submergées et célébrissimes à l’image de la grotte Cosquer. Direction est prise vers la calanque de Sormiou où se trouve la grotte du Capélan. Outre Yann se trouve Sébastien, copain d’escalade à notre club des Lézards d’Herblay, qui a bien voulu partager cette sortie automnale.
Nous approchons de cette ouverture béante dans le rocher en faisant très attention à ne pas finir dans l’eau ! Le parcours est sinueux, le terrain extrêmement glissant et les vagues plus ou moins menaçantes ! Un large boyau fait suite à l’entrée qui donne accès à une vaste salle où gronde en contrebas le monstre mouvant. Pas question de tomber même si la suite réserve des surprises. En effet, la voie se poursuit sur la paroi de gauche où une série de spits annonce la direction. Un pas de 5b sur une paroi glissante comme un évier mérite concentration ! La sortie est plus ludique, à savoir une désescalade aisée menant plus loin à l’extrémité du bec de la calanque de Sormiou.
La pluie a cessé et nous voici en rase-motte au dessus de la Méditerranée. Nous entamons une escalade facile pour quitter le bec quand tout à coup, alors que nous sommes au beau milieu de la traversée, un rayon de soleil transperce les nuages tandis qu’un voilier s’approche de nous à grande vitesse. Moment incroyable et fugace où tout semble être réuni pour nous faire vivre un moment exceptionnel.
Le jour suivant, nous attaquons une première voie historique, le Temple dans la calanque de Sugiton. L’approche est longue mais très jolie, sur une large piste d’abord, puis sur un chemin de randonnée qui plonge vers la mer. Des pompiers s’affairent ce jour-là à des exercices de sauvetage sur rocher. En espérant qu’ils ne doivent pas venir nous secourir ! Au pied de la voie du Temple, j’ai eu une pensée pour l’un de mes maîtres, Gaston Rébuffat, dont ses Calanques natales ont forgé son goût pour la grimpe, avant de devenir l’alpiniste qu’on connaît. Voie classée TD (130 m) dans l’ouvrage qu’il a composé pour Denoël et où il a détaillé les 400 plus belles escalades et randonnées du coin, le Temple a vu passer des générations de grimpeurs.
C’est d’ailleurs bien là le problème ! Le rocher se présente aujourd’hui sous un aspect lisse et patiné en de nombreux endroits. Moi qui aime le granit chamoniard où les chaussons font adhérence, j’ai eu beaucoup de mal à franchir la première longueur en 4 ! Il faut réfléchir où poser les pieds sans trop tirer sur les mains (voire sur les dégaines !) pour se hisser. Exercice fatiguant, d’autant que la difficulté se corse jusqu’au 5+. Après 6 longueurs (il en reste 3), nous abandonnons la partie, ainsi qu’un mousqueton resté coincé dans un spit formant relais. Au relais justement, nous croisons Toni, guide de haute montagne qui gravit la voie adjacente nommée Civa. Nous entamons la conversation. Il nous dit que le Temple n’est pas si facile que cela et que les cotations ne sont plus vraiment adaptées, étant donné la patine. Cela me rassure moi qui commençait à penser que j’étais redevenu tout à coup un novice ! Il n’en reste pas moins qu’un peu dépité de ne pas avoir su profiter pleinement de l’escalade, malgré de très beaux passages, nous décidons de revoir le programme des prochaines journées en visant le 4+ plutôt que le 5+. Le lendemain, nous partons donc de bon matin en direction d’une nouvelle Calanques, celle d’En-Vau, la plus charmante à mes yeux. Quelle splendeur qu’a patiemment façonnée ici dame Nature ! Les sculptures de calcaire s’ornent de pins d’Alep, genêts de Lobel, thym, laurier, figuiers de Barbarie…, un véritable feu d’artifice.
La végétation rencontrée est extrêmement diverse. La biodiversité doit être préservée à tout prix. C’est d’ailleurs le métier de la police de l’environnement qui veille à protéger ces lieux de tout abus et atteintes environnementales. Arrivés au bord de l’eau limpide d’une couleur outremer exquise, nous avons progressé le long d’une vire jusqu’au départ de la voie La Calanque. Cette dernière, moins patinée que le Temple et tout aussi variée, débute par une belle dalle suivie d’un dièdre avant de se poursuivre par un ressaut. Au fur et à mesure que nous prenons de la hauteur, la mer révèle ses incroyables coloris alors que l’on aperçoit un courageux nageur progresser le long de la paroi rocheuse. Il faudrait me donner cher pour être à sa place…, je suis définitivement terrien et pas marin ! Arrivés sur le plateau, nous sommes redescendus en passant le long du trou du canon, un empilement de rocher qui laisse entrevoir la vue sur l’île Riou, réserve naturelle.
Nous avons enchaîné par la voie Saphir, située juste derrière la plage de la calanque d’En-Vau. Voilà un agréable parcours d’arête ponctué de dalles, le tout en 5 longueurs avec, là encore, moins de patine qu’au Temple…, à moins que nous ne commencions à prendre goût aux patinoires verticales ! Alors que nous progressons sur le fil de l’arête, nous finissons par entrevoir la forme longiligne de la calanque, sa plage et ses quelques randonneurs.
Nous nous sommes également entraînés en moulinette sur la variante NO de de la Petite Aiguille, avant de nous extraire de ce décor de rêve. S’en est suivie une visite de Cassis en soirée pour découvrir son petit port et ses ruelles presqu’entièrement vides à cette époque de l’année, avant de nous engouffrer dans l’excellente pizzéria la Girandole à la cave voutée et aux excellents plats.
La dernière demi-journée fut consacrée à découvrir un nouvel endroit, certainement moins fréquenté que les voies historiques, un endroit situé sur le versant SE de la calanque de Sormiou dans le secteur de Rumpe Cuou. L’accès malaisé s’effectue en remontant un couloir d’éboulis en direction d’un col avant de redescendre de l’autre côté jusqu’à un éperon rocheux plongeant dans la mer.
Un rappel est nécessaire pour s’en aller flirter avec les flots. S’en suit un parcours sur une vire rocheuse avant d’atteindre le départ de la voie Action Anticalcaire, que nous poursuivrons par la Farniente des Oursins, et qui nous ramènera presque au col. La première longueur suppose de gravir un petit surplomb, après quoi la voie se poursuit dans un très beau rocher abrasif en dalle. Arrivé au relais, Yann me propose un tour gratuit, ayant oublié son téléphone dans une anfractuosité au départ de la voie. Descente en moulinette, récupération du mobile et rebelotte !
La suite est une splendeur, à conseiller à tout grimpeur. La cinquième longueur de la Farniente des Oursins (quelques pas de 5c) est certainement la plus belle de toutes. Il s’agit d’un ressaut déversant sur lequel l’on vient buter au contact d’un rocher orangé extraordinaire, l’ensemble se franchissant par la gauche. Un véritable régal refermant majestueusement notre virée grimpesque !
Nous sommes redescendus par le versant opposé du col pour nous retrouver à nouveau au bas de la calanque de Sormiou. Pause casse-croute bien méritée avant de remonter sur Paris à vitesse (t)GV et pleins d’images dans la tête.