3 au 6 octobre 2022 / Escalades : tête de la Balme : face Est & Pointe de Cerdosse : voie des cristaux / Randonnées : col du Bresson & col de la Charbonnière
Ce projet en Beaufortain, nous l’avions depuis plusieurs années sur notre carnet de courses/escalades/randonnées. Encore fallait-il le mettre à exécution. Après l’avoir reporté maintes et maintes fois pour cause de météo, agenda, forme (voir les 3 causes combinées), un créneau idéal s’est finalement imposé en ce début de mois d’octobre 2022. Le sac à dos n’est jamais bien loin dans la perspective de (re)partir en montagne ! Les nôtres furent bouclés promptement. Et même si je trainais avec moi un petit rhume, pas question d’annuler. Du reste, il me ficha à peu près la paix durant le séjour, excepté lors de la seconde ascension où j’ai un peu manqué d’énergie ! Le séjour débuta par un nouveau trajet en voiture en prenant soin d’emmener avec nous 2 blablacaristes (ce fut également le cas au retour). Nos rencontres de quelques heures réservent toujours des surprises. Nous passâmes donc l’aller en compagnie d’une ostéopathe et d’une costumière, la discussion tournant notamment autour de la montagne, de la politique (nous sommes tous de grands politiciens qui nous ignorons !), des maux physiques, de la culture, etc.
Arrivés du côté de la Plage Tarentaise, nous avons poussé jusqu’au parking de St-Guérin où nous attendait environ 400 m de dénivelé pour atteindre le refuge de la Balme. La rando d’approche commençait bien puisque 2 chiens patous nous surveillaient du coin de l’œil, pensant peut-être que nous allions chiper un mouton pour déguster de l’ovin grillé durant les 3 jours que nous passerions au refuge. Que nenni. Nous allions nous contenter de nos vivres déshydratées plus quelques petits extras liquides et solides ! En cours de route, nous nous sommes aperçus que la haute vallée allait se dissocier en deux parties distinctes un peu plus haut. Quel chemin allions-nous prendre ? Droite ou gauche ? Nous avons lancé des paris virtuels que nous modifions au fil de l’altitude gagnée. Il s’est finalement avéré que le refuge se trouvait sur notre gauche, une large piste y menant. Si nous avions poursuivi sur la droite, nous nous serions retrouvés au col de la Nova à 2800 m d’altitude dans un environnement fermé et pas véritablement sympathique, la neige et la dénivelé étant là pour dissuader tout randonneur. Du reste, durant les marches que nous allions entreprendre, nous avons évité cet endroit inhospitalier.
Personne au refuge. Il demeure néanmoins ouvert hors gardiennage. Nous avions à notre disposition deux chambres, un poêle, du bois, du gaz mais pas d’électricité, ce qui est normal. Le grand luxe et de quoi tenir un siège ! Vivre au rythme du soleil déclinant, des bougies et de la nature, voilà qui n’est pas pour nous déplaire. Le lendemain matin, nous sommes partis sans nous presser en direction de la tête de la Balme qui, depuis le refuge, se confond avec l’imposante Pierra Menta. Seuls les coloris de ces deux sommets permet de les différencier quelque peu. Nous avons eu un peu de mal à trouver le départ de la voie de la face Est (https://bit.ly/3WjqnSK) et avons décidé de ne pas nous cramer sur la première longueur raide en 6a. L’aventure démarre un peu plus haut après le contournement de cette difficulté, par une suite de longueurs faciles, idéales pour se chauffer.
La douzaine de longueurs, pas bien difficiles, s’enchaînent dans un cadre exceptionnel pour une véritable escalade plaisir. Seule la sortie a posé problème. En effet, il avait neigé quelques jours avant si bien que la neige recouvrait les blocs de rochers. Attention donc à ne pas se casser la jambe en passant à travers. Du sommet de la tête de la Balme, la vue est exceptionnelle sur la Pierra Menta, certainement le phénix des hôtes de ces lieux ! Nous avons achevé cette première journée par une très belle randonnée menant tout d’abord au col du Bresson puis au refuge de Presset. Quelques randonneurs et grimpeurs prenaient du bon temps sur la terrasse face à une vue somptueuse et à un soleil en phase déclinante. Nous avons un temps émis l’idée de pousser jusqu’au col du Grand Fond à 2671 m d’altitude et bénéficier d’une vue hors pair sur le Mont Blanc, mais avons finalement renoncé à cause de l’horaire de retour au refuge.
Le lendemain, nous avions prévu une seconde ascension à la Pointe de Cerdosse, et plus précisément à la voie des Cristaux (https://bit.ly/3DuwIT8), grande classique des environs. L’approche est plus longue que celle de la tête de la Balme, et les derniers mètres plutôt pentus jusqu’à l’attaque d’une dalle blanche bien visible. La voie est certes plus raide, plus exigeante et moins ouverte que celle de la veille, mais bien plus joueuse ! La première longueur est très belle, constituée d’un mur, puis d’un surplomb qu’il s’agit de franchir en utilisant une faiblesse du rocher avant de se rétablir sur la gauche. La suite est enchanteresse, faite de très beau rocher en calcaire, et de chouettes longueurs, certaines bien gazeuses ! Arrivé à un relais soi-disant caché, Olivier tarde à m’envoyer le top départ sachant que je grimpe en second. Et pour cause ! L’un des points du relais avait dû sauter si bien qu’il a dû en bricoler un nouveau à l’aide d’un friend. La longueur suivante est un enchantement, même si je n’en ai que peu profité par manque d’énergie à cause de ce maudit rhume. Puis sont arrivées les longueurs finales cotées en 3ème degré pour remonter le fil de l’arête. Cette dernière partie de l’aventure facile n’est pas à sous-estimer car il reste du chemin avant l’antécime. Il va sans dire qu’on a pris un peu de bon temps sur ces hauteurs d’où étaient visibles les principaux sommets des Ecrins et de la Vanoise. Le retour s’est effectué sans encombre par une large boucle qui nous a ramenée au refuge.
La dernière journée fut consacrée à une merveilleuse randonnée jusqu’au col de la Charbonnière à 2500 m d’altitude dans un environnement grandiose et sauvage à souhait. Ayant neigé quelques jours auparavant, l’accès final au col était un peu indélicat. Mieux valait des porter des « grosses » et faire attention où l’on mettait les pieds même si la neige était gelée et bien compacte. Nous avons été récompensé en découvrant la vue plein Sud sur le lac de la Portette et d’autres petits lacs satellites, tous saupoudrés de neige. La montagne nous offrait là ses trésors de luxe, calme et volupté comme le dirait Sempé ! Nous avons entrepris le retour en virevoltant dans cet univers sans âme qui vive et dans un silence reposant, avec pour cadre les géants des Ecrins et de la Vanoise. J’ai découvert un nouvel endroit magnifique des Alpes, endroit assurément bondé en été puisqu’au croisement du GRP Tour du Beaufortain et du GR 5. Nous sommes rentrés sur Paris le lendemain non sans un passage obligé à la coopérative laitière de Moutiers !