Le Grand Crétet / Pointe du Dzonfié / Crêt du Bœuf / Quermoz (Beaufortain) / 8 au 10 février 2023
Bien avant que l’anticyclone ne prive la France d’eau durant plus d’un mois, nous étions repartis à l’assaut des montagnes douces raquettes au pied. Direction cette fois-ci le Beaufortain, et plus exactement le refuge du Nant du Beurre, gardé hiver comme été par des femmes puissantes ! Accueil chaleureux, dortoirs impeccables, nourriture excellente, jusqu’à la possibilité de prendre des douches, une première pour moi en refuge. Cela dit, ce fut en 2 minutes top chrono, un minuteur arrêtant le flux liquide automatiquement ! Nous avions décidé durant ces 3 jours de rayonner autour de ce cocon, les monts attenants étant propices au raid raquettes passant par des cols et des sommets. Mais encore fallait-il l’atteindre ce refuge. Nous étions partis à 5h du matin du Val d’Oise afin d’avoir le temps d’y arriver le soir même après avoir récupéré des blablacaristes.
Nous souhaitions effectuer une large boucle par la Roche du Midi, et se poursuivant sur la ligne de crêtes, avant de rebasculer dans le vallon où se nichait le refuge. Nous avions prévu de nous garer dans le village de Grand Naves avant d’attaquer les pentes plein nord. Sauf que ma docile Polo jusqu’alors (26 ans de bons et loyaux services) en avait décidé autrement. Arrivée à Chambéry, elle a commencé à émettre des bruits bizarres avant que le passage des vitesses ne m’accorde uniquement le droit de rouler en 3ème ou en 5ème ! Toutefois nous eûmes une chance inespérée puisqu’un garage accepta de nous prêter un véhicule durant les réparations. Nous avons finalement perdu moins de 60 minutes sur un horaire déjà un peu tendu, et avons finalement pu arriver à bon port pas trop tard.
Ce premier parcours fut un enchantement ! Après une montée plus ou moins dans la pente au-dessus de Grand Naves, nous avons bifurqué nord-est sur un chemin de crêtes flirtant avec les 2000 m d’altitude, après avoir laissé derrière nous la Roche du Midi. Bien plus loin, nous avons été obligé de rebasculer dans un vallon, un imposant mur nous barrant le passage. Alors que le soleil déclinait et que le froid commençait à mordre, nous nous sommes dépêchés en suivant d’anciennes traces de skieurs, en passant dans le lit de ruisseaux recouverts de neige, avant de remonter en direction du cocon. Plus tard encore, alors que le crépuscule envahissait le paysage en lui donnant de fabuleux coloris flamboyants, et que la température plongeait, nous finîmes par arriver au refuge. Soulagement de nous retrouver dans cet endroit douillet à près de 2100 m d’altitude.
Le lendemain, nous sommes partis de bon matin par un froid mordant (- 15° environ) en direction du Crêt du bœuf, soit environ 4 km et 400 m de dénivelé en passant par les cols des Tufs Blancs et celui des Génisses. Nous attendions l’arrivée du soleil avec impatience et tentions d’éviter l’ombre au maximum ! Le Crêt du bœuf est une sorte de haut plateau depuis lequel le panorama sur les Alpes françaises est remarquable. Mont Blanc, Vanoise, Ecrins…, les principaux massifs et sommets prennent leurs aises tout au long de l’horizon.
Peu de skieurs et de randonneurs dans cette immensité blanche ce jour-là; il faut dire que le vent, combiné aux basses températures, n’invitait pas à s’extraire de sa couette. N’arrivant pas à réchauffer mes mains malgré des gants pourtant achetés hors de prix au Vieux Campeur (il y a certes quelques années déjà), Olivier me prêta fort généreusement ses chaudes et confortables moufles de montagne. Ce fut sans commune mesure ! Il va vraiment falloir que je peaufine mon équipement pour nos prochaines sorties d’hiver. Nous avons ensuite quitté ce piédestal pour nous diriger vers un imposant mamelon sans nom sur la carte IGN, avant de le redescendre pour, beaucoup plus loin, finir par rejoindre le refuge. Je ne sais pas exactement combien de kilomètres nous avons parcourus, mais voilà une journée bien remplie à cheval sur ces montagnes avenantes et douces, et à travers un panorama serein et invitant à la méditation.
Le lendemain, rebelote mais cette fois-ci côté Est du refuge avec comme point de mire le sommet majeur des environs, celui qui domine cette haute vallée, j’ai nommé la pointe du Dzonfié (ou de la Chauvière) culminant à 2455 m. Nous l’avions repérée la veille ainsi que son parcours de crête qui nous semblait plutôt élégant vu d’en bas. Nous avons d’abord rejoint le col des Tufs Blancs avant de nous diriger plein Sud, le sommet nous semblant fort éloigné.

Mais, comme toujours en montagne, ce qui semble à perpette et extrêmement pentu, se révèle à l’approche pas si loin que ça et moyennement escarpé. Ce fut encore une fois le cas, excepté peut-être le tout dernier passage pour atteindre le sommet, raide et constellé d’empreintes de ski de rando, ce qui nous a grandement aidés pour le gravir sans même quitter les raquettes. La plateforme sommitale domine les lieux avoisinants ainsi que sa la ligne de crête en direction de la croix de la Bagnaz où nous passerons le lendemain. Nous avons fait demi-tour pour redescendre en direction du refuge dans des pentes acceptables pour les crampons de nos raquettes, nos véritables crampons étant au fond de nos sacs.
Le dernier jour, nous ne le savions pas encore, allait nous réserver une petite surprise. Nous avions prévu de rejoindre Grand Naves par un chouette parcours de crête (en montagne, les arêtes sont un délice : elles dominent le paysage, et l’on ne peut pas recevoir de pierre sur la figure ni être emporté par une avalanche !), en remontant tout d’abord à la pointe du Dzonfié puis en suivant la ligne sommitale vers le sud pour passer à la croix de Bagnaz et atteindre ensuite ce que nous croyions être le Quermoz.
Le sommet de la veille fut rejoint facilement. Nous avons profité de cette belle ligne une première fois avant de la quitter pour la reprendre ensuite en direction de la croix de Bagnaz. Celle-ci est un peu délicate à atteindre. Nous avons effectué notre premier mix en raquettes (c’est à dire fouler un terrain composé à la fois de roches et de neige) avec un petit pas d’escalade et hop nous étions arrivés ! Puis nous avons poursuivi jusqu’à ce que nous croyons donc être le fameux Quermoz, une sorte de bombance à environ 2300 m d’altitude. Nous sommes redescendus en direction d’un petit col où nous nous sommes arrêtés casser la croute, après quoi, nous étions sur le point de dire adieu à ces beaux mamelons. Sauf que… en passant devant un panneau en bois, celui-ci annonçait le sommet de Quermoz un peu plus loin. Ce que nous avions pris pour le sommet n’était en fait qu’un débonnaire mamelon sur la carte ! Quermoz fut une autre paire de manche puisqu’il fallut gravir une pente assez relevée. Et comme nous avions la flemme de mettre nos crampons (les vrais cette fois), nous l’avons franchie en raquettes sans néanmoins trop de problèmes. Nous avons ensuite expérimenté du véritable mix pour parvenir au sommet, un petit parcours amusant où nos raquettes ont certainement dû en prendre un coup ! Passé cette dernière cime, notre redescente vers Grand Naves fut longue mais délicieuse à travers des pistes de randonnées pour raquetteurs et piétons.
Nous avons bouclé cette énième sortie fort honorablement, dans un panorama grandiose au cœur du majestueux Beaufortain. Le retour en revanche, fut moins glorieux, la réparation de l’embrayage de la Polo n’ayant pas tenu, nous sommes rentrés en cinquième, la boîte étant bloquée sur cette unique vitesse ! Pas de problème sur l’autoroute, mais on vous laisse imaginer le calvaire en région parisienne ! Nos deux premières sorties réussies de 2023 préfigurent, espérons le, de futurs autres projets que nous avons bien l’intention de mener à bien, à commencer par l’arête nord du Pic de Neige Cordier dans les Ecrins. La météo et notre forme en décideront une fois encore…