Aux sources de l’Isère
Aux sources de l’Isère

Aux sources de l’Isère

10 avril : Grande Aiguille Rousse depuis le refuge du Prariond. Descente par le col du Montet jusqu’au refuge du Carro.

11 avril : Col de l’Ouille Noir par le glacier du Montet.

Entre deux virées, nos cœurs balançaient. Le mont d’Ambin nous faisait très envie, mais le refuge éponyme étant fermé à cette date, nous avons dû changer notre piolet d’épaule. Nous avions sous le coude depuis quelques années déjà cet autre très beau projet en Haute-Tarentaise, à savoir la traversée refuge du Prariond – refuge du Carro, en gravissant au passage la Grande Aiguille Rousse après avoir remonté le glacier des sources de l’Isère. Cette montagne qui culmine à 3482 m d’altitude se situe non loin de la frontière italienne. Elle forme une gigantesque barrière est-ouest allant de la cime du Carro à la pointe du Montet. Les rares possibilités de passage du nord au sud s’effectuent depuis le col du Montet ou en rejoignant le pas du Bouquetin qui, comme son nom l’indique, s’avère certainement moins commode à la descente. Le pas du Bouquetin demeurera donc pour nous une simple annotation sur la carte IGN.

Attention aux névés résiduels de printemps !

L’accès au refuge du Prariond en date du 9 avril s’opère facilement par le sentier en balcon au-dessus des gorges. Tant mieux car nous n’aurons pas à gravir le Grand Torsaï et nous nous économiserons ainsi du temps, du dénivelé et de la fatigue ! La gardienne avait vu juste, le sentier est bien dégagé et seuls persistent quelques névés résiduels. Ces névés s’avèrent chaque année des pièges à randonneurs inexpérimentés qui, mal chaussés pour certains, finissent par glisser et se tuer bêtement. D’autant qu’ici les gorges du Malpasset ne laissent aucune chance de s’en tirer en cas de glissade. Nous étions passé au refuge en 2016 pour gravir la pointe de la Galise par son arête sud. 9 ans plus tard, le sympathique gardien s’en est allé pour laisser la place à une gardienne donc. L’ambiance n’est plus vraiment la même et le génépi a disparu des fins de repas. Dommage. Le refuge a entre-temps été refait à neuf. Design moderne à l’extérieur, convivial à l’intérieur, nous y avons passé un bon moment en compagnie de skieurs de randos. Sachant que durant ces types de sorties, nous sommes les vilains petits canards en raquettes !

Refuge du Prariond.

Le lendemain matin le petit déjeuner est programmé à 7h, puis le départ en direction de la Grande Aiguille Rousse vers 8h, sachant que la quasi-intégralité des skieurs vise ce sommet. Comme d’habitude nous démarrons les premiers et remontons l’immense combe menant au glacier des sources de l’Isère. Je peux maintenant dire que j’ai côtoyé la naissance de cette belle rivière longue de 286 km qui finit sa course dans le Rhône non loin de Valence. Nous avons d’ailleurs bien failli rater notre but du jour en nous déportons bêtement vers le col du Montet à l’ouest alors même que le sommet de la Grande Aiguille Rousse se situe à l’est. Tout cela à cause de traces de skieurs de rando que nous suivions sans trop nous poser de question jusqu’au moment où nous en avons croisé un qui avait le compas dans l’œil et qui allait dans la bonne direction ! Après un changement d’aiguillage qui nous a peu à peu rapprochés de l’aiguille, l’accès au sommet n’est pas bien méchant. Seule la partie terminale aboutissant à l’arête en neige s’élève quelque peu.

En direction de la Grande Aiguille Rousse au loin.

Nous avons donc troqué nos raquettes pour les crampons, tout comme les skieurs qui avaient remisé leurs skis sur leur sac à dos. Le sommet s’avère une plaisante plateforme longiligne. De là-haut, la vue est splendide sur les géants des environs, la pointe de Charbonnel, l’Albaron, les Ciamarella, etc. Après une pause bien méritée, nous avons emprunté nos traces de montée à la descente pour nous diriger sans faute cette fois-ci vers le col du Montet. Son accès n’est pas bien compliqué non plus, mais longuet. Nous avons cherché le meilleur point de basculement vers le sud en suivant une fois de plus les traces des skieurs. Les premiers mètres ne sont pas très engageants si bien que nous avons ressorti piolet et crampons pour finalement franchir sans encombre la déclivité face à la pente dans un premier temps.

S’en suit une descente plus ou moins pentue où nous avons de nouveau troqué raquettes contre crampons. Les quelque 2,5 km restants en balcon vers le refuge du Carro nous parurent longs, mais longs… Le soleil tapait fort, la neige se transformait et nous avions l’impression de ne pas avancer. Beaucoup plus loin, le refuge a fini par se laisser entrevoir ainsi que des skieurs qui prenaient le soleil et du bon temps sur la terrasse. Nous étions finalement arrivés dans ce repaire douillet situé à 2760 m d’altitude et allions enfin pouvoir souffler.

Sommet de la Grande Aiguille Rousse.

Notre précédent passage au Carro remontait à 2022. Nous y avions été agréablement reçus par le gardien Cédrick Saintenoy qui avait mis son réveil à 4 h du matin pour nous servir le petit déjeuner, ce qui n’était absolument pas une obligation de sa part. Changement de décor 3 ans plus tard. Lorsque nous débarquons pour le petit-déj à 6 h, la cuisine est fermée et les skieurs du jour ainsi que nous même patientons. Jusqu’à l’arrivée d’une aide-gardienne visiblement peu réveillée balançant les minuscules tranches de fromage sur les tables en précisant que « c’est 3 tranches de pain par personne ». Autre ambiance donc.

Plutôt neige ou caillasse ?

La veille au soir, le jeune (aide ?) gardien avait bien précisé que la journée du vendredi 11 avril serait la plus chaude, la neige se transformant dans le courant de la matinée. Or, nous avions prévu d’aller nous balader au sommet de la Levanna Occidentale à 3600 m sur la frontière italienne, redescendre côté refuge puis traverser le gigantesque vallon menant plein ouest vers la pointe du Montet puis le col de l’Ouille Noire pour ensuite basculer côté Val d’Isère et ses remontées mécaniques que nous envisagions de prendre à la descente. Étant donné les infos météo du lendemain, notre forme et aussi du temps qu’il nous faudrait pour entreprendre cette longue bavante, sans compter que nous allions sans doute rater les dernières bennes de descente, nous avons préféré faire une croix sur la Levanna et partir directement en direction du col de l’Ouille Noire. Bien nous en a pris ! La traversée est de toute beauté, les champs de neige infinis, le cirque de la muraille de l’Ouille Noire à l’ouest jusqu’aux Levanna à l’est est absolument somptueux. En chemin, nous avons pu observer une partie de notre cheminement de 2022 allant du refuge Carro à celui des Évettes, un parcours exceptionnel et ingénieux qui nous fit tutoyer les cimes en franchissant plusieurs glaciers (Sources de l’Arc, Mulinet, etc.) et quelques cols.

Col de l’Ouille Noire.

De là où nous étions, cette randonnée nous semblait irréalisable tant la pente paraissait extrême, et pourtant… ça passait très bien ! Retour à notre balade du jour, en direction du col que nous avons fini par rejoindre sans encombre. Olivier, plus entreprenant et moins flémard que ma pomme, a même gravi l’arête jusqu’au sommet de l’Ouille Noire. Nous sommes ensuite facilement redescendus côté Val d’Isère et avons attrapé 2 télésièges puis la télécabine du vallon de l’Iseran avant de nous arrêter prendre un café. J’entre dans le restaurant d’altitude et demande le prix du petit noir… Ouille ouille ouille ! À 3,50 € l’expresso et 5,50 € l’allongé, il nous est revenu bien moins cher d’avaler le col de l’Ouille Noire qu’un petit noir ! La descente express et gratuite celle-là s’est finalement terminée en empruntant le téléphérique du Fornet qui nous a déposé non loin de la voiture.  Café il y a bien eu, mais à un prix acceptable et qui plus est sur la terrasse d’un charmant hôtel-restaurant à Séez. Avant un retour pas trop tardif sur Paris en compagnie une fois encore de deux jeunes blablacaristes sympathiques.

Seul au monde !

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