2 septembre 2014 / Pic Gény
Retour dans les Écrins comme l’an dernier, mais pour notre projet « Meije » cette fois-ci. Sauf qu’il n’aura pas lieu… La météo ne tiendra à nouveau pas ses promesses, si bien que nous serons obligés une fois encore de changer notre fusil d’épaule. Mais cela, en ce début de semaine d’un mois de septembre qui s’annonçait prometteur, nous ne le savions pas encore.
Nous étions partis de Paris la veille en direction de ce petit paradis qu’est le hameau de la Bérarde, et avions couché au centre alpin pour entreprendre le lendemain un premier sommet, le pic Gény, histoire de nous mettre en forme pour la Meije. Il est constitué d’une somptueuse arête rocheuse prenant doucement son envol au-dessus d’un ancien cirque glaciaire, jusqu’à son sommet à 3435 m d’altitude. Départ donc à 6 heures du matin à la frontale de la vallée pour une journée qui s’avérera la plus belle de la semaine. Le chemin qui s’enfonce dans le vallon du Soreiller est un paradis pour randonneurs. Hormis qu’à cette heure, nous n’avions que peu de chance d’en croiser ! Nous avons tout juste aperçu quelques lueurs de frontales au-dessus de nous, d’autres grimpeurs, allions-nous apprendre plus-tard, partis eux aussi en quête du même pic.
Un pic qui justement ne se laisse pas approcher sans quelque effort. Après une belle remontée de la vallée, nous avons bifurqué plein est afin d’accéder au début de l’arête dans un environnement sauvage grandiose. Nous souhaitions effectuer sa traversée intégrale, à la différence d’autres qui préfèrent la longer puis y accéder beaucoup plus loin en remontant au préalable la rive droite du glacier du Plaret, ce qui raccourcit d’autant la course rocheuse. Nous ne soupçonnions d’ailleurs pas le temps qu’il nous faudrait pour atteindre le sommet en réalisant l’arête dans son intégralité. Le fil de celle-ci fut un enchantement tout du long. Effilée, aérienne, sans jamais être compliquée, peuplé de clochetons, de tours et de corniches, ce fut une chouette traversée, mais il nous fallut néanmoins rester concentré, notamment lors de l’unique rappel de l’itinéraire. Une fois parvenus à l’endroit où la voie commune démarre, le pic Gény nous apparaissait encore bien loin !
Nous avons continué notre ascension et sommes finalement parvenus au sommet à 15 heures après environ 1700 m de dénivelé (http://goo.gl/P7NJTR). Content d’être là, nous avons fait une courte pause avant d’entamer la descente vers le refuge du Soreiller que nous apercevions telle une maison de poupée au pied de la majestueuse Dibona. Cette voie de descente m’a tout de suite parue ludique. Elle débute par une cheminée remplie de roches prêtes à se détacher lors de notre passage, pour se continuer sur plusieurs dizaines de mètres en contrebas. Comme si la nature avait bien fait les choses en créant un cheminement assez logique jusqu’à un rappel qu’Olivier subodorait qu’il se trouvait là, alors que nous ne le voyions pas encore !
Il nous fallut pas moins de 3 heures avant d’atteindre le refuge, après une descente sans trop de problème dans des éboulis et dans du rocher, il faut bien le dire, pourri. Nous avons alors découvert un refuge en plein travaux, du sol au plafond, de nombreux ouvriers, jeunes et moins jeunes, œuvrant à changer les fenêtres, refaire la toiture, repeindre l’intérieur, modeler une nouvelle terrasse extérieure, etc. Si bien que seuls 30 clients étaient acceptés par nuitée, la plupart étant des grimpeurs venus user leurs chaussons sur la célèbre voie Madier de la Dibona.
Après une bonne soupe et une bonne nuit, nous sommes redescendus dans la vallée, avons dit au revoir à la majestueuse Dibona, bien décidés à attaquer le surlendemain la Meije. C’était sans compter le ciel qui commençait à moutonner…