Roman / Denis Ducroz / Glénat
Lorsqu’on est amoureux des montagnes mais qu’on habite loin d’elles, seule la littérature est en mesure d’effectuer un rapprochement bienfaiteur. A ouvrir les pages d’un roman de montagne, à se laisser emporter par des histoires tirées du vécu des auteurs, l’on retrouve toutes les sensations, les odeurs, le toucher du rocher, le bruit des crampons dans la glace au sortir du refuge en pleine nuit… Frison-Roche l’avait bien compris lui qui a commis une trilogie à nulle autre pareille (Premier de cordée, La grande crevasse, Retour à la montagne). Trilogie qui débute sur un drame. Car la montagne est aussi faite de pleurs tant elle est parfois cruelle.
C’est également ainsi que commence le beau roman de Denis Ducroz, Le pont de neige. Car l’homme est également guide de haute montagne à Chamonix. Il sait le prix à payer de cette passion dévorante. Il connaît les chausse-trappes et les pièges dans lesquels tombent parfois même les meilleurs. Le pont de neige, c’est d’abord l’histoire d’une amitié vieille de dizaines d’années entre un guide chevronné et son client. Année après année, ils ont enchaîné les courses jusqu’à ce jour fatal où le second décide de rester un petit moment sur la terrasse du refuge du Requin histoire de savourer un temps encore la magie du lieu, laissant son guide redescendre seul. Une légère entorse au règlement pourrait-on dire puisqu’une course se termine logiquement en vallée, loin des difficultés. On connaît la suite. Le client fera une chute à la redescente le laissant hémiplégique. Denis Ducroz explore les sentiments et les non-dits des deux hommes, leur volonté d’aller malgré tout de l’avant alors que la vie continue. Un très beau récit, humain et lumineux.
Le premier roman de Denis Ducroz, N’approchez pas de l’île Dawson, a obtenu en 2017 le prix Henri Queffélec.
Le pont de neige / Denis Ducroz / Glénat / Février 2018 / 312 pages / 19,95 €