Collection Sommets
Il fallait bien un ouvrage de plus de 200 pages pour tenter d’expliquer la fascination de générations d’alpinistes autour de cette montagne mythique affublée de 6 pointes et dont le nom peut vite se muer en Grandes « Voraces ». Son nom justement, explique Claude Gardien, guide, écrivain, journaliste/photographe, et auteur de ce livre, lui a été donné du fait des forêts de Mélèze de ses versants sud et est. « Bois élevé » ou « Grande forêt » selon les patois locaux, a donc été gravi pour la première fois en 1865 par 4 valeureux alpinistes dont l’Anglais Edward Whymper et le Français Michel Croz. A travers 240 pages entrecoupées de superbes photos d’époque et actuelles, Claude Gardien retrace la conquête de ses faces, ses drames également, mais aussi l’ouverture de voies modernes tout au long du XXème siècle. En fin d’ouvrage, une récapitulation visuelle des voies des faces nord, sud et est se monte à plus de 70 tracés !
A travers 15 chapitres passionnants, les Grandes Jorasses se dévoilent donc peu à peu au fur et à mesure que l’homme tentait de l’apprivoiser. Mais peut-on domestiquer un tel monstre ? Pourtant, à lister le nombre de premières, de solos et d’hivernales en fin d’ouvrage depuis 1865, il en a défloré une large partie ! De la tragédie René Demaison / Serge Gousseault lors de l’hiver 1971 à l’exploit du Suisse Dani Arnold en 2018 qui n’a mis que deux heures et quatre minutes pour gravir l’éperon Walker, l’ouvrage se lit comme un roman à suspense. Alors, que vous soyez alpiniste amateur à jamais tenu éloigné du monstre, ou au contraire sportif éprouvé des cimes et bien décidé à vaincre la Walker ou la Whymper à votre tour, ce beau livre de chevet vous permettra de faire vos classes, vous documenter, ou simplement rêver aux exploits des conquérants de l’inutile, comme dirait Lionel Terray.
Les Grandes Jorasses / Claude Gardien / Glénat / Septembre 2019 / 240 pages / 30 €