Pointe de Labby – Arête du soleil / 30 juin 2020
L’arête du Soleil (https://tinyurl.com/y22wejsf) nous faisait de l’œil depuis des années. Après le déconfinement et en profitant d’un laps de temps estival, Olivier et moi-même avons donc décidé de coupler ce parcours sur le fil à l’ascension de la Dent Parrachée le lendemain (https://tinyurl.com/y5c6ks54). Notre charmant camp de base n’est autre que l’agréable refuge du même nom (https://tinyurl.com/y25e2nq8).
Le réveil est matinal (3 h 00 environ) car la marche d’approche s’effectue en 3 heures de temps jusqu’au pied du passage de Rosoire, lieu du début de l’aventure. Nous savions la veille que nous ne serions pas les seuls, ayant fait connaissance avec Thierry, guide de haute montagne, et son client qui allaient également effectuer la même course le lendemain. Le cheminement sur un chemin en terre puis en neige est fort sauvage jusqu’au col de Labby, duquel nous avons une vue dégagée sur l’ensemble du parcours d’arête ainsi que sur la face ouest de la dent Parrachée.
Le parcours riche en anciennes traces aboutit ensuite logiquement au début des difficultés, à savoir au fameux passage de Rosoire à remonter plus qu’à escalader. Des cordelettes ça et là prouvent qu’il doit être périodiquement emprunté. D’ailleurs, cette course est spittée, de nombreux guides la proposant à leurs clients car elle est à la fois esthétique et plutôt sûre, en tout cas avant l’éboulement de 2018 ! Notre progression est rapide et, après avoir pris un peu de hauteur, nous finissons par apercevoir Thierry et son client auxquels nous faisons signe car ils ont l’air d’hésiter quant à l’attaque de la voie.
Finalement, ils finissent par emprunter le même chemin tandis que nous progressons de notre côté sur un terrain facile et aérien. Le début des réjouissances se situe un peu plus loin avec un raide mur qu’il s’agit d’escalader sans trop se poser de questions. Un bon passage en 4 montagne ! Entretemps, Thierry nous a rejoints et ouvre le bal. Son client a visiblement un peu de mal à le suivre dans cette partie inaugurale et il doit s’y reprendre pour finalement parvenir à s’élever et disparaître derrière un gros bloc. Nous les suivons sur cette belle arête qui, très vite, devient fine et aérienne.
Le gardien du refuge nous avait donc prévenu la veille. A cause d’un éboulement survenu voilà deux ans au début de l’arête, la voie a été modifiée qui passe maintenant par une désescalade sur une petite vire puis par un rappel jusqu’à des dalles moutonnées que l’on suit jusqu’à récupérer l’itinéraire d’origine.
Thierry, arrivé à cet endroit, demeurait circonspect à tel point qu’il passa un coup de fil au gardien de la Dent Parrachée qui lui confirma le cheminement. Malgré tout, il décida de poursuivre sur le fil en prenant d’infinies précautions, le rocher à cet endroit s’apparentant à une pile d’assiettes instables. Il nous laissa des protections en place pour un maximum de sécurité. Lorsque vint mon tour, je compris tout de suite de quoi il retournait. Quant je serrai des prises, elles avaient l’air de vouloir venir avec moi ! Je finis par arriver sur le faîte de l’arête puis continuer tant bien que mal sans détacher quoi que ce soit. Exercice périlleux qui nous prit un temps fou. Nos deux comparses avaient entretemps bien progressé et nous les aperçûmes bien plus tard au sommet de la pointe de Labby, alors qu’il nous restait encore du chemin. On appris plus-tard qu’ils avaient contourné quelques difficultés.
La suite de la course est un enchantement en forme de montagnes russes à 3500 m d’altitude ! Montées et descentes en rappel ou désescalade s’enchaînent jusqu’à la pointe de Labby qui nous paraissait fort loin et se laisser toujours autant désirer. Heureusement, il faisait grand beau et nous avions du temps devant nous.

Seul un fort vent d’ouest gâchait un peu notre confort d’alpiniste, mais quelle ambiance ! Parvenus au sommet vers 13 h (la vidéo du sommet ici : https://youtu.be/lZ480te4Zqw), il nous restait à attaquer la descente. J’enviai Thierry et son client que l’on apercevait désormais tout en bas, petites fourmis perdues dans le grand paradis blanc en se dirigeant vers le col de Labby. Par où étaient-ils passés pour être déjà si loin ? On ne le dira jamais assez : les guides de haute montagne sont des monstres, rapides et précis dans leurs pratiques. Quant à nous, un petit couloir en neige fort austère et peu engageant nous tendait les bras en guise de retour.
Nous avons redoublé d’attention sachant qu’à cette heure de la journée, la neige est ramollie et la callasse apprend à voler ! Nous ne nous doutions alors pas qu’il préfigurait le couloir de la brèche de la Loza que nous emprunterions le lendemain à la descente de la Parrachée. De retour au refuge, nous eûmes droit ce soir-là à un véritable one man show de Franck Buisson, le gardien, jamais avare d’histoires abracadabrantes de randonneurs et alpinistes passés par chez lui. Il nous servit un excellent rôti et la fin du repas fut arrosée de Génépi. De quoi recharger pleinement nos batteries pour le lendemain avec de nouveau un réveil sur les coups des 3 h. C’est bien connu, quand on aime la montagne, on adore se lever à point d’heure !