31 octobre : rochers d’Armantier -> La cascade du Pissat
1er novembre : grande tête de l’Obiou par la variante des Chatières
2 novembre : dalle de Chantelouve -> Alice
3 novembre : Chartreuse : dôme de Bellefont par le pas de Rocheplane
Depuis la route Napoléon entre la Mure et Gap, on ne voit qu’elle. La Grande Tête de l’Obiou s’impose tel un géant au milieu de la plaine. Cet amas de calcaire culminant à 2789 m fait office de puissant aimant auprès des randonneurs de passage. Qui se disent qu’un jour ils se verraient bien la gravir. Et c’est évidemment ce que je me disais à chaque fois que l’on empruntait cette route avec Olivier : « ce serait bien de faire l’Obiou un de ces 4 ! ».
Ne restait qu’à trouver l’instant décisif qui est finalement arrivé le 1er novembre dernier. Le temps s’était enfin remis au beau fixe, et Nicolas, le voisin d’Olivier à Valjouffrey serait de la partie. La quarantaine sportive, apiculteur (le miel de ses abeilles est un délice (nicoapiculteur@gmail.com) , il l’avait déjà gravie plusieurs fois, en empruntant notamment la variante des Chatières, un parcours astucieux comportant un peu de grimpe (cotation 3) tout en évitant les pentes de la voie normale. Nous avions trouvé notre guide ! Nous voilà partis en direction du monstre qui ne serait conquis qu’après avoir avalé environ 1200 m de dénivelé depuis le parking situé sous le col des Faïsses. Le début de la randonnée est plaisant, nous évoluons dans les alpages, puis sur une charmante crête avant de franchir le pas du Vallon. Après une légère redescente, les choses sérieuses démarrent. Petit arrêt énergétique avant d’attaquer la combe du Petit Obiou, un parcours de plus en plus raide avec sur la fin des strates de calcaire qui, à ce moment de la journée, étaient recouvertes de givre. La glissade n’étant pas recommandée, nous avons redoublé de vigilance.
Parvenus à l’épaule, Nicolas nous a proposé d’emprunter la voie des Chatières dont nous apercevions le début, à savoir une énorme rupture dans le rocher qui permet d’atteindre la vire supérieure. Je n’étais pas très chaud, mais j’ai finalement accepté de suivre mes deux compagnons. Bien m’en a pris ! Cette variante représente tout ce que j’apprécie en montagne et que nous avions déjà un peu vécu en parvenant au sommet de l’Arête de Bouquetins au pic de Jallouvre dans les Aravis l’an dernier. A savoir un astucieux parcours paumatoire où il s’agissait de suivre un cheminement signalé par des marques rouges utilisant les faiblesses du relief. La variante des Chatières est certes moins longue, mais tout aussi futée. Elle aussi utilise les faiblesses de la montagne en nous faisant passer par des cheminées, trous de souris (avec blocage de sacs à dos !) et fissures pour déboucher pratiquement au sommet. Sans marques de peinture pour le coup.

La voie normale passe par des passages exposés où la chute est interdite.
Cet élégant raccourci permet d’effectuer une boucle plutôt qu’un simple aller-retour. Du sommet, le panorama est splendide, des Écrins au Vercors en passant par le Trièves sans oublier le Dévoluy puisque l’Obiou n’est autre que son point culminant. J’avais lu que de là-haut, il était possible d’apercevoir les… Grandes Jorasses. Et effectivement, une toute petite partie du sommet de cette monstrueuse muraille du massif du Mont-Blanc est effectivement visible aux jumelles. Nous avons également assisté à un spectacle qui a duré 2 secondes environ, mais quel spectacle ! La préparation et le jeté dans le vide de deux base-jumpeurs.
Impressionnante, leur chute a dû s’achever par un succès puisqu’aucune nécrologie n’a été signalée dans la presse les jours suivants ! Après avoir été surpris par ce spectacle ressemblant à une sorte de suicide en direct, nous avons pris le chemin du retour par la voie normale cette fois. Dans la combe de l’Obiou, le givre n’avait pas totalement disparu, et, ayant relâché mon attention, je me suis retrouvé sur les fesses en une demi-seconde sans autre conséquence qu’un peu de trouille. Nous avons clôturé cette belle et épuisante journée par un bon repas sous la protection des pères Chartreux !
La veille, Olivier m’a emmené effectuer une escalade plaisante au-dessus de Bourg-d’Oisans, pas trop longue ni difficile.
Comme cela, nous gardions des forces pour le lendemain. La voie de la cascade du Pissat (cotation 5) aux Rochers d’Armentier s’élève dans un ancien lit de torrent bien visible depuis la route en contrebas. Variée, entièrement équipée, elle fait office d’apprentissage à l’escalade redescente en rappel comprise. Les 7 longueurs s’enchaînent sans effort, la cinquième étant certainement la plus plaisante. La vue se dégage au fur de l’ascension, et découvre les sommets enneigés alentour. Nous nous sommes échappés par le haut pour rattraper la route menant à Armentier le Bas puis la Garde et terminer par de l’auto-stop (merci au charmant couple qui s’est arrêté !).
L’Obiou nous ayant un peu fatigué, nous n’avons pas répondu aux sirènes de Nicolas qui souhaitait le lendemain matin partir pour un autre sommet d’anthologie en rando, le pic de Valsenestre par le Désert en Valjouffrey, soit un dénivelé d’environ 1500 m. Une autre fois ! Nous avons préféré nous rendre dans notre site d’escalade préféré de ce petit coin des Écrins, à savoir la dalle de Chantelouve et ses voies sympathiques. Nous avons gravi Alice, peut-être la plus facile du secteur, en tout cas l’une des plus variées et agréables. J’en ai profité pour passer en tête sur deux longueurs et mettre de nouveau en pratique l’assurage en tête. Cette voie se déploie sur environ 150 m de haut, et se redescend en 3 rappels de 50 m. Nous n’avons pas vu le temps passer , d’autant que nous avions gravi précédemment une voie de moindre ampleur mais tout aussi plaisante.
Le lendemain, nous avions décidé d’aller faire une incursion en Chartreuse avant de remonter sur Paris le soir même en compagnie de blablacaristes. Direction le dôme de Bellefont par le pas de Rocheplane. Nous nous sommes garés au départ du sentier au Prayer avant de débuter l’ascension d’environ 900 m. La Chartreuse étant une gigantesque barrière de calcaire apparemment infranchissable, les animaux et les hommes ont pourtant fini par trouver ses faiblesses pour la franchir plus ou moins aisément. Notre sentier ne s’embarrasse pas de détours, il file la plupart du temps droit dans la pente. Sorti du couvert de la forêt, la muraille n’en est que plus impressionnante, et on peine à imaginer une trouée. Pourtant, celle-ci existe bel et bien, mais vraiment pas là où nous l’attendions. La sente prend subitement la direction NE et l’on franchit le fameux pas de Rocheplane dans un paysage grandiose qui laisse entrevoir une infime partie du massif de la Chartreuse. Nous souhaitions rejoindre la Dent de Crolles au sud mais le temps nous manquait. Nous avons donc décidé de pousser jusqu’au dôme de Bellefont au nord, dans l’optique d’aller nous balader sur les Lances de Malissart, des rochers aiguisés comme des couteaux. Les sentes s’éparpillent à droite à gauche et nous avons fini par nous tromper de chemin et nous retrouver dans un cul-de-sac en compagnie de 2 autres randonneurs. Cul-de-sac en forme de rupture de pente de plusieurs mètres dans laquelle nous n’avons pas voulu nous engager.
Demi-tour donc pour contourner l’obstacle alors que les 2 valeureux jeunes hommes décidaient eux de tenter de forcer le passage. Nous les retrouverons plus loin, preuve qu’ils avaient réussi leur entreprise. Nous sommes remontés sur l’arête et avons rejoints le col de Bellefont puis le dôme pour une pause déj méritée. Le panorama est grandiose, les Lances de Malissart se dressent vers le ciel (ce sera pour une autre fois peut-être), tandis que des groupes de randonneurs se partagent les points hauts. Des parapentistes nous survolent, le temps est magnifique, nous n’avons pas envie de redescendre. Il faut pourtant rebrousser chemin, en suivant l’arête d’extrêmement près, dépassons le périlleux pas de Montbrun avant de nous retrouver au pas de Rocheplane plus accueillant. La descente s’effectue sans encombre, même si mes cuisses sont en feu ! Après un petit arrêt à Saint-Hilaire dans un charmant bistro, nous voilà déjà sur la route du retour. Peut-être que notre prochaine virée s’effectuera raquettes au pied…
Merci Stéphane pour ce joli récit! Très agréables moments partagés… On remet ça quand tu veux 😉