5 février : La Bourgeoise – Pointe de Chamossière – Arrivée du télésiège de Chamossière
6 février : Col de Coux – La Berte – Col et refuge de la Golèse
7 février : Tête de Bostan – Pointe de la Golèse – La Chailla
Dur de saisir au vol quelques jours de beau temps depuis 2024 ! Entre pluie et grisaille continue, le ciel est en berne. Mais voilà qu’en février se profile enfin un anticyclone au-dessus de l’hexagone. Et encore, celui-ci n’est pas bien vaillant, juste assez en forme pour déblayer la couverture nuageuse au-dessus des Alpes durant 2, 3 jours. Olivier a vite fait de concocter un triptyque gagnant du côté du refuge de la Golèse dans le Chablais, avec l’aide du guide Glénat consacré aux randos raquettes en Haute-Savoie. Et nous voilà partis une fois encore avec de sympathiques blablacaristes en direction d’Annemasse puis Cluses où nous faisons une halte chez l’habitant. Démarrage le lendemain matin sous un ciel plombé par une couche de nuages qui perdurera toute la journée en vallée.
Sauf que nous allons les percer ces nuages, et retrouver le soleil tout en bénéficiant d’une inversion des températures ! Nous visons la route menant au lac et au col de Joux Plane et nous nous garons au lieu dit le Mécheudon. A cette altitude (1480 m), le sentier de randonnée qui longe la crète menant au sommet de la Bourgeoise est plus ou moins enneigé et verglacé. Nous finissons par sortir du couvert des sapins et accéder à ce premier sommet orné de la croix de Mapellet. Belle vue au-dessus de la mer de nuages qui enserre la vallée. Et déjà nous regardons au loin la pointe de Chamossière qui nous tend ses biceps enneigés. Nous voilà donc repartis sur ces mamelons enchanteurs avant d’effectuer une redescente un peu pentue dans de la poudreuse pour remonter ensuite en suivant la crête plus ou moins effilée jusqu’au sommet. Et comme nous ne sommes pas fatigués et que nous tenons l’horaire, nous prenons la décision de tenter de pousser jusqu’à la pointe d’Angolon que nous apercevons au loin. . L’arête se fait plus aérienne et pentue, le décor naturel à 360° sublime, et le temps impeccable.
Nous parvenons facilement à l’arrivée du télésiège de Chamossière à 2000 m d’altitude, et déjà, en scrutant la suite du parcours, je m’aperçois qu’un peu plus loin se trouve un passage délicat, d’ailleurs dénommé le Collu sur la carte IGN. Autant celui-ci ne présente pas de difficultés insurmontables l’été, il n’y a qu’à empoigner les cordes fixes pour le gravir, autant en plein hiver les choses en vont autrement. Olivier s’en va jeter un coup d’œil, arrive au niveau des cordes puis revient en faisant attention car la glissade n’est pas permise. La pointe d’Angolon, si proche et si loin à la fois, ce sera pour une autre fois ! Nous reprenons le chemin en sens inverse puis basculons vers le col de Joux Plane où nous effectuons un arrêt déjeuner. Le retour s’effectue en douceur en empruntant à nouveau notre chemin de l’aller bien après la Bourgeoise. Bref, une première journée bien remplie !
Retour au bercail dans une auberge de jeunesse (nous n’avons que la soixantaine après tout !) située sous l’imposante muraille de la montagne d’Avoriaz, endroit plaisant tenu par le sympathique fils d’un moniteur de ski. Le lendemain, nous partons en direction du lieu dit l’Érigné, à savoir la vallée située au sud de celle où nous nous trouvons. La journée promet d’être longue puisque nous envisageons de monter au col de Coux qui permet de passer en Suisse après un dénivelé de 700 m environ. Puis de gravir le mamelon la Berte qui offre un beau panorama sur le vallon français et helvète ainsi que sur les dents du Midi.
L’ascension est plaisante, tout d’abord dans une large piste forestière puis à découvert, une fois le lac gelé des Mines d’Or derrière nous. Nous chaussons les raquettes et atteignons le col puis rencontrons de nouveau le puissant vent de la veille, ce qui ne nous empêche nullement de parader au sommet de la Berte où nous tentons de discuter avec un skieur de randonnée entre deux rafales. Retour au col de Coux avant de poursuivre en direction du nord-ouest vers les Terres Maudites. Elles sont constituées d’une gigantesque paroi de plusieurs centaines de mètres de hauteur soutenant la tête de Bostan où nous comptons nous rendre le lendemain. La première partie de la rando s’effectue sans histoire. Mais à l’approche des Terres Maudites, nous nous apercevons qu’il faut les frôler au plus près afin de pouvoir basculer vers le col de la Golèse. Le passage n’est pas très engageant. De la neige vierge, de larges coulées (au moins elles ne tomberont pas une seconde fois !) et des pseudo traces de skieurs de rando pour toute indication. Et finalement, ça passe plutôt pas mal sous cette imposante muraille qui, à la belle saison, renferme d’alléchantes voies d’escalade.
Parvenus à l’orée de la forêt, nous faisons une pause bien méritée à l’ombre de sapins dans une vaste clairière arrosée d’un soleil qui tarde à disparaître derrière la montagne. La suite n’est que pur plaisir : un cheminement débonnaire dans un univers sauvage jusqu’à ce que nous débouchions au col de la Golèse et au refuge du même nom, et quel refuge !
Situé à 1650 m d’altitude, il a tout pour plaire. Des gardiens sympathiques, une large terrasse baignée de soleil, une cuisine roborative constituée de mets alléchants, une déco somptueuse, des poêles qui ronronnent, un large canapé cosy, un bar… On se dit que l’on va avoir du mal à quitter ce bel endroit le lendemain ! Le top départ en direction de la tête de Bostan à 2400 m d’altitude ne s’est heureusement pas effectué à l’aube vu la difficulté modérée de la tâche, mais plutôt en tout début de journée. Notre but est alors de redescendre au refuge une fois le sommet atteint, puis remonter sur l’arête menant à la pointe de la Golèse à 1835 m, et plonger en direction des chalets de Cuidex puis, enfin, jusqu’à l’Érigné où se trouve la voiture. Nous démarrons le ventre plein pour un rodéo sur ces montagnes russes, raquettes au pied, et bien décidé de profiter à plein de cette dernière rando sur les cimes du Chablais. La veille au soir, nous avions effectivement ingurgité une énorme et incroyable potée en compagnie d’une sympathique tablée de skieurs de randos visant également ce même sommet. Grâce à ce met divin, il nous a fallu peu d’effort et de temps pour entrevoir son sommet tout raplapla. Nous avons ensuite pris la direction du col de Bostan qui se cache un peu plus loin, avant de s’en retourner en longeant une gorge menant au refuge du même nom. Hélas, nous avons dû faire demi-tour à cause d’une rupture de pente nous empêchant de basculer en sécurité vers le col. Surtout, nous avions la flemme d’enfiler nos crampons rangés au fond des sacs !
Un panorama grandiose constitué de sommets enneigés perçant le flot de nuages a accompagné notre retour, une vue que nous n’aurions pas eue en parcourant la gorge. Après une courte pause au refuge durant laquelle Olivier a informé le gardien que l’accès au col ne passait pas en raquettes, nous voilà repartis à l’assaut du dernier sommet de la journée, la pointe de la Golèse à 1 835 m d’altitude. Nous remontons tout d’abord son flanc sud-ouest en suivant un chemin débonnaire avant d’atteindre sa crête vers les 1 770 m. Celle-ci est prometteuse. La neige y est abondante et forme un chemin exigu pratiqué par de nombreux skieurs et randonneurs vu l’énorme trace qui le transperce. Nous nous y engageons comme des gamins, mais, au fil de notre avancée, nous nous rendons compte que celle-ci est, par endroits, extrêmement effilée. Il faut redoubler de prudence, le vide est omniprésent et nous ne sommes pas encordés. Nous finissons par buter sur un passage infranchissable, trop dangereux et dépourvu de trace. Nous nous apercevons que le cheminement contourne l’obstacle en longeant la pente sommitale en contrebas. Le problème étant que par endroits la neige ne demande qu’à dévaler dans la pente ! Nous n’allons quand même pas faire demi-tour…
Olivier s’engage dans ces quelques mètres incertains à pas de loup, et finit par passer sans problème. À mon tour de marcher sur des œufs en espérant que le tapis neigeux ne va pas lâcher à mon passage. L’accès à l’arête s’effectue ensuite en plantant les crampons de nos raquettes dans la pente herbeuse (je confirme… ça tient très bien !) tout en nous hissant sur l’étroit chemin. Le plus dur est passé ! La crête redevient sympathique en s’élargissant dans un paysage grandiose, si bien que nous continuons jusqu’au sommet suivant, la Chailla à 1805 m d’altitude. Puis vient la descente vers l’Érigné en passant par les chalets de Cuidex. Notre voyage s’achève sur d’agréables pentes qui laissent la place à une piste accueillante dans une forêt de sapins jusqu’à la voiture.
