Sialouze enfin !
Sialouze enfin !

Sialouze enfin !

Traversée arête Sud – arête Nord de l’aiguille de Sialouze

22 juillet 2025

Cette traversée de l’aiguille de Sialouze aurait dû être ma cinquième course. Programmée en 2012, il aura finalement attendre 13 ans pour qu’elle s’effectue avec Pierre Lainé, guide de haute montagne, que je remercie. À l’origine, nous devions l’effectuer Olivier et moi. Nous étions plutôt bien partis, tout au moins durant les premières longueurs avant que nous ne décidions finalement d’abandonner. En cause, un sale virus que je trainais depuis quelque temps, saupoudré d’une météo pas vraiment engageante. Olivier a dû être très déçu à l’époque (moi aussi de fait), mais n’en a rien laissé paraître. Il a finalement effectué cette course quelques années plus tard avec un guide des Écrins, et m’a confirmé par la suite qu’il s’agissait bien là d’un des plus exceptionnels parcours d’arêtes du massif. Ce qui me motivait d’autant plus pour y succomber à mon tour !

Rendez-vous est donc pris au Bourg-d’Oisans en cette belle matinée du 21 juillet pour nous diriger vers le camping d’Ailefroide où la voiture va gentiment patienter jusqu’au lendemain. Le chemin qui mène au refuge du Pelvoux grimpe sec, tout en étant plaisant, car varié. Malgré la chaleur, nous sommes venus à bout de ses 1 200 m de dénivelé en environ 3 heures. Là-haut, pas mal de cordées s’apprêtent à traverser le mont Pelvoux le lendemain matin tandis que d’autres prendront la direction de l’aiguille de Sialouze. Si bien que Pierre propose d’avancer le réveil d’une heure afin de ne pas faire la queue sur la voie et aux relais. Les repas sont toujours des moments de convivialité dans les refuges de montagne. Ce soir-là, nous partageons la table avec un chaleureux architecte et son amie infirmière qui s’en iront gravir la voie Je vous salue marie menant directement au sommet. Ils se lèveront bien après nous, mais affronteront des difficultés supérieures à celles de la traversée (6c>6b versus 5b+>4c).

Le lendemain matin, nous ne sommes pas les seuls à partir vers les 3h30 du matin, car d’autres cordées se dirigent vers le couloir Coolidge en vue d’effectuer la traversée du Pelvoux et sa longue bavante. Cependant, quelques cordées nous suivent qui se dirigent tout comme nous dans le secteur de Sialouze. La bosse éponyme qui permet de prendre pied sur le glacier se passe sans trop de difficulté. Nous la remontons en longeant un gigantesque névé puis effectuons quelques pas d’escalade à la frontale. S’en suit la traversée du glacier proprement dit, ou plutôt ce qu’il en reste, jusqu’à l’attaque de la voie. Des amoncellements de pierre le lacèrent de part en part. Je n’ai pas du tout souvenir de cela en 2012…

Sacrément esthétique cette dalle !

Pierre se lance dans les premières longueurs pour atteindre l’arête. Le rocher est excellent, une véritable ode à la grimpe que cette muraille !  Les passages d’escalade s’enchaînent pour gravir ou contourner les trois premiers gendarmes. Une dalle compacte magnifique d’une trentaine de mètres se dévoile, pure récréation d’escaladeur. S’en suivent un dièdre, une première vire, un mur puis une seconde vire ascendante débouchant au pied de dalles exceptionnelles menant au sommet.  Les passages en dalle de cette traversée sont juste incroyables. On n’a pas envie que cela s’arrête… un pur plaisir de môme !

Petite vire comme on les aime.

Nous voici enfin au sommet et prenons le temps de savourer le panorama sur les géants du coin, le Pic Sans Nom, le coup de Sabre et le Pelvoux bien évidemment. Je fais à cette occasion la découverte du couloir Mettrier en observant cette minuscule langue de neige tout à gauche du couloir Coolidge, et qui débouche sur le glacier suspendu. Moi qui suis passé par le Coolidge pour réaliser la traversée du Pelvoux il y a sept ans déjà, je me dis que j’aurais bien testé cet itinéraire lors d’une nouvelle ascension. Trop tard ! Il y a de fait peu de chances que je remonte sur ce toit exceptionnel de cette belle et grande montagne.  

Le sommet ne signifie pas la fin de l’aventure loin de là. Devant nous se dressent cinq autres gendarmes, le dernier étant contourné par une large vire. Le premier d’entre eux m’a posé problème. Considéré comme le crux de la sortie, j’ai eu du mal à me dépêtrer de ce ressaut-fissure en 4c à l’ancienne. J’avoue n’avoir pas été très brillant à cet endroit… La suite est plus facile, toujours autant aérienne, et sur du bon rocher en forme de montagnes russes. Escalade, désescalade, remontée, etc., n’en jetez plus ! Nous arrivons enfin à la brèche supérieure de Sialouze après que Pierre m’a fait descendre sur la corde dans un vaste replat menant au Pic Sans Nom. Puis arrive l’épreuve finale, les 5 rappels qui nous mèneront sur la partie supérieure du glacier. Ils ne sont pas à prendre à la légère et mieux vaut rester concentré. Certains nécessitent d’attraper une cordelette dans un mouvement pendulaire afin de se hisser au niveau du relais suivant.

Arrivé au bas du dernier rappel donnant sur une vire rocheuse qui surplombe l’impressionnante rimaye du glacier, impossible de sauter sur celui-ci, l’écart est bien trop grand. Pierre me mouline dans l’espace entre la glace et la paroi. Je me décorde et passe sous la langue glacée pour ressortir un peu plus loin d’où il est plus facile de prendre pied sur le glacier.  Si les premiers mètres sont pentus et sujets aux chutes de pierres, la suite est bien plus confortable, y compris la bosse de Sialouze qui se désescalade facilement. Arrivés affamés au refuge, nous n’avons pas résisté à des pâtes et à une omelette avant de redescendre les 1200 m de dénivelé jusqu’au parking du camping, une longue route nous attendant ensuite jusqu’au Bourg d’Oisans.

Sommet !

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