Sur les traces de Robert Louis Stevenson
Sur les traces de Robert Louis Stevenson

Sur les traces de Robert Louis Stevenson

11 au 13 juin 2024 : Le-Puy-en-Velay – Langogne

L’année 2024 fut celle de mes 60 ans. Et aussi celle des 60 ans de mon ami de longue date, Pierre. Pour marquer le coup, nous avons décidé d’aller fêter nos 120 ans communs sur un petit bout du chemin de Stevenson (GR 70). Pourquoi le chemin de Stevenson ? D’abord parce que Robert Louis Stevenson fut un personnage original et atypique, grand voyageur devant l’éternel malgré une santé fragile. Son courage et sa motivation l’ont amené à fouler de nombreuses contrées dont le Massif central. Et ce n’est certainement pas par hasard s’il a choisi de s’isoler dans le village du Monastier-sur-Gazeille perché à 900 m d’altitude en cette année 1878.

Il s’en était allé parcourir les chemins de randonnée jusqu’à Saint-Jean-du-Gard en compagnie de l’ânesse Modestine, amoureux éperdu qu’il était d’une gente dame américaine en instance de divorce ! Son flair d’aventurier l’a entraîné sur des itinéraires de toute beauté, qui l’a fait traverser le Velay, le Gévaudan, la Lozère et les Cévennes. Autant de territoires qui fleurent bon la France, ses paysages grandioses, ses ciels colorés et ses habitants fiers de leurs racines. Pourquoi le chemin de Stevenson ? Aussi parce que nous avions beaucoup randonné dans les années 80 avec des sacs à dos pesant des tonnes, dans ces étendues du Massif central que nous aimons tant. En revanche, jamais nous ne nous étions aventurés au sud du Puy-en-Velay, et ce fut donc l’occasion rêvée de nous y mettre 40 ans plus-tard.

Départ est donc donné du Puy-en-Velay, alors même que Stevenson a pour sa part débuté son périple depuis le Monastier-sur-Gazeille. Le Puy est pourtant devenu le départ « officiel » du chemin de Stevenson, certainement en raison de sa facilité d’accès en train et cars. Par ailleurs, le Puy est aussi l’un des itinéraires les plus courus vers St-Jacques-de-Compostelle et, à ce titre, la ville est un point de rencontre de milliers de marcheurs. La première chose qui m’a frappé en attendant le TER à Saint-Étienne fut l’affluence de séniors sacs au dos prêts à prendre d’assaut le petit train. Je me voyais déjà randonner au milieu d’une foule compacte, moi qui suis habitué aux chevauchées en très petit comité en haute montagne… Poor Lonesome Randonneur !

Le château de La Valette sur le GR 3

De fait, nous fîmes de belles rencontres avec des gens venus quérir la même chose que nous : le luxe des chemins empierrés, le calme des hauts plateaux et la volupté de l’aventure. On s’extrait du Puy et de ses faubourgs en gravissant un premier dénivelé positif d’environ 200 m avant de plonger vers le village de Coubon d’où l’on traverse une première fois la Loire. Petit arrêt café (il y en aura bien d’autres) avant de reprendre de la hauteur en direction de l’Holme qui croise le GR 3. Et première entorse à Stevenson qui nous le pardonnera ! Nous avons en effet continué sur le GR 3, le chemin nous paraissant plus « intéressant » dans le sens où il longe les gorges de la Loire et passe par le château de La Valette. Nous ne fûmes pas déçus, le décor est grandiose, la demeure une belle bâtisse, et les environs reposants. Un coin idéal qui plus est pour casser la croûte. Un PR (chemin de petite randonnée) nous permis de retrouver le GR 70, à savoir une vaste piste plongeant au SE en direction de Chadron avant de poursuivre vers les hauteurs du Monastier-sur-Gazeille. La fin de la première journée s’effectue sur un chemin de crête à ne pas rater, car bénéficiant d’une très belle vue, a contrario d’une variante moins intéressante plus au sud.

La commune de Goudet, passage obligé pour franchir la Loire

L’arrivée au Monastier-sur-Gazeille situé à environ 900 m d’altitude se fit par un temps maussade, froid et pluvieux en ce mois de juin 2024. Notre arrêt du soir est situé rue Langlade, dans une maison transformée en gîte d’étape. L’ensemble est un peu spartiate, mais l’assurance d’une bonne nuit, douche chaude et repas composé de lentilles du Puy évidemment, bien là ! C’est ici que nous faisons la connaissance de Dora, une Suisse retraitée voguant seule sur Stevenson. Elle nous raconte sa vie d’aventurière composée de nombreux bobos en montagne. Une vraie dure à cuire derrière un physique plutôt frêle ! Nous la recroiserons le surlendemain à Pradelles. Nous sommes d’ailleurs étonnés du nombre de femmes n’hésitant pas à randonner seules sur ce sentier. À n’en pas douter des aventurières qui aiment à se retrouver en tête à tête avec elles-mêmes loin des soucis du quotidien.

Bavardage en chemin au fil des rencontres

La ville possède un château et un musée qu’il serait dommage de ne pas visiter avant de reprendre la marche le lendemain matin en direction de Saint-Martin-de-Fugères, charmante bourgade où nous avons effectué une nouvelle pause café. Puis, un peu plus loin, nous avons plongé vers la commune du Goudet 200 m plus bas, un havre de paix et de beauté sous le regard de l’impressionnant château de Beaufort. Nous avons traversé la Loire à cet endroit puis avons remonté un sacré dénivelé dans un chemin parfois malaisé et empierré avant de poursuivre plein ouest en direction de Bargettes, autre commune absolument ravissante. Le GR 70 nous invite par la suite à croiser d’autres charmantes bourgades dont Montagnac ou Ussel. Des endroits où l’on aimerait poser nos sacs pour y prendre racine un moment et profiter langoureusement du temps qui passe…

Le château de Beaufort veille sur le Goudet

Mais nous devons déjà repartir et effectuer un nouveau choix. Après Bargettes, le GR 700 plonge vers Landos, notre prochaine destination pour la nuit. Nous avons la possibilité de prendre ce raccourci, ou poursuivre sur le GR 70 en direction du Bouchet-St-Nicolas, lieu de villégiature de la plupart des randonneurs. Comme nous sommes en forme, nous décidons de continuer sur le chemin de Stevenson jusqu’au Bouchet avant de bifurquer SE vers Landos. Peu de temps avant d’arriver, nous tombons sur la personne qui va nous loger pour la nuit. L’escale d’Anicia n’est autre qu’une maison dont la propriétaire réserve la presque totalité à ses hôtes de passage. Mais comme elle ne fait pas la cuisine, nous nous dépêchons de visiter le bourg pour trouver un restaurant ouvert. Et c’est là que nous tombons sur une pépite : la Bascule. Ce gîte-restaurant est tout simplement parfait ! Il est tenu par un couple fort sympathique aimant à partager leur nourriture exceptionnelle faite maison bien sûr, ainsi que leur bonne humeur. Nous avons dîné en compagnie d’une vingtaine de randonneurs de passage. L’ambiance était incroyable et le vin excellent !

Nous avons même trouvé du rhum du Venezuela, boisson hautement improbable en ce lieu reculé ! Nous sommes retournés chez eux le lendemain matin pour acheter d’énormes sandwichs avant d’entamer notre marche du jour. Cette dernière journée doit nous conduire jusqu’à Pradelles puis Langogne à travers des sentiers de toute beauté culminant à 1200 m d’altitude environ. La vue est splendide, le temps exceptionnel, et le parcours toujours aussi attrayant. Nous ne tardons pas à arriver à Pradelles, certainement la commune la plus charmante de notre virée. Ancienne place forte, elle a été restaurée et mérite une petite visite. Un arrêt à l’ombre de ces vieilles pierres s’impose. Nous retrouvons Dora qui n’a visiblement pas entièrement programmé sa randonnée puisqu’elle est à la recherche d’un hébergement pour la nuit qu’elle finira par trouver chez l’habitant. La descente vers Langogne s’effectue sur une large piste d’où la vue porte jusqu’au lac réservoir de Naussac et son imposant barrage. Étant donné les pluies continues de ce début d’année, il est entièrement rempli et aucune sécheresse n’est à craindre à moyen terme. Langogne est un gros bourg relié par le rail.

La cascade du Donozau près de Langogne

C’est ici que nous mettons fin pour un temps à cette virée réussie à tout point de vue. Notre dernier hébergement se situe au bien nommé Clos Stevenson, une maison située dans le vieux centre entièrement restaurée avec soin par son jeune et dynamique propriétaire. L’ensemble marie joliment le bois et la pierre, un endroit reposant avant de reprendre le cours de nos vies. Pierre repart le lendemain matin me laissant seul jusqu’en fin de journée dans l’attente de mon train. J’en profite pour effectuer une dernière petite rando jusqu’à la cascade du Donozau située dans la partie sud du plan d’eau. Une escapade que je recommande tant le cadre est agréable, et les différents points de vue sur le lac à couper le souffle. Rendez-vous est donc donné l’an prochain avec certainement en ligne de mire un parcours de Langogne à Florac. À étudier !

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