Un peu de dénivelé pour se remettre en jambe !
Un peu de dénivelé pour se remettre en jambe !

Un peu de dénivelé pour se remettre en jambe !

Cime de la Jasse (Belledonne) / Tête de Vallon Pierra (Dévoluy) / Grand Galbert (Taillefer) / Cabane de Belle Roche (Valbonnais) / 5 au 8 janvier 2023

Dans la descente depuis le refuge Habert d’Aiguebelle

Il nous fallait repartir du bon pied en ce début 2023 pour oublier 2022, année mortifère à bien des égards. Olivier me propose un petit panaché (merci à lui !) auquel je ne résiste pas bien longtemps : un petit tour du côté de Belledonne aussitôt extrait du TGV Paris/Grenoble en fin de matinée, puis le jour suivant une virée dans le Dévoluy pour nous rendre à la Tête de Vallon Pierra, et les deux derniers jours, partir nous balader au sommet du Grand Galbert puis à la cabane de Belle Roche qui surplombe la commune de Valbonnais. Chouette périple qui permettra de tester notre forme tandis que la soixantaine approche à grands pas ! Soit plus de 4 000 m de dénivelé en 4 jours, en raquettes mais également en crampons que nous chausserons à 2 reprises pour atteindre le sommet de la cime de la Jasse, et la tête de Vallon Pierra.

La première journée promettait d’être intense ! Après un lever à 5 h pour attraper le TGV de Grenoble qui arriva vers 10 h, nous filâmes vers le petit hameau de Prabert au N/E de Grenoble. Surprise ! Comme il avait très peu neigé, la route menant au parking du pont de la Betta d’habitude fermée à cette époque de l’année, était ouverte. Ce qui nous aura fait économiser du temps et du dénivelé ! Nous voilà partis en forêt en direction du refuge Habert d’Aiguebelle dans un premier temps. De drôles d’édifices en pierre nous ont interpellés durant ce parcours, des sortes de gigantesques murets s’élevant vers le ciel et possédant une large pièce à leur base. Notre recherche sur internet n’a pas porté ses fruits… Si quelqu’un peut nous renseigner à ce sujet, qu’il n’hésite pas à composer un commentaire éclairant en fin de page.

Sommet de la cime de la Jasse à Belledonne

Arrivés au refuge Habert d’Aiguebelle, nous fîmes une courte pause avant de continuer en direction des lacs du Vénétier, évidemment invisibles puisque enfouis sous la neige d’hiver. La remontée de ce vallon qui longe la montagne du Vénétier se déroule dans un panorama qui se resserre petit à petit. Formé de replats et de côtes plus ou moins pentues, on imagine ce que doivent être les avalanches lorsque les déclivités sont jonchées de neige fraîche. La dernière partie de cette première journée s’effectue en remontant des pentes jusqu’à la cime, que nous croyions pouvoir atteindre en raquettes.

Sauf que, parvenus non loin du sommet, nous avons préféré chausser les crampons, le dénivelé s’étant accentué si bien que ces dernières ne portaient plus vraiment. Les crampons, c’est un peu comme les pneus neige… on passe partout ou presque ! Le sommet s’est enfin révélé ainsi que son panorama à 360°. Nous pouvions presque toucher la Dent du Pra… mais de là à y aller, il y avait plus qu’un pas. De l’autre côté se déployaient les contreforts du Vercors sans un seul flocon de neige, alors que nous étions le 5 janvier. Nous n’avons pas eu besoin de nos frontales lors de la redescente, longue mais tranquille et sans âme qui vive.

La deuxième journée nous a menée dans le massif du Dévoluy que je n’avais jamais foulé. Situé au S/O du parc des Ecrins, il se tient à l’écart des autres massifs alpins. Il tire d’ailleurs son nom latin de ce retrait géographique, Dévologium étant la contraction de dévo (dévier) et logum (lieu). Effectivement, il nous aura fallu plus d’une heure pour parvenir au petit village de Maubourg situé au-dessus d’Agnières en Dévoluy depuis Valjouffrey, après avoir traversé le défilé de la Souloise. L’itinéraire (sans neige bien évidemment) démarre à 1 333 m d’altitude à travers un charmant paysage tapissé de vert qui aboutit vers 1 700 m à un vaste plateau dépourvu d’arbres et où se trouvent ça et là de profonds gouffres dénommés chourum. Il s’agit d’être prudent, surtout en hiver lorsque la neige s’accumule et les recouvre. Ils forment des espèces de crevasses de roches d’où on ne réchappe pas ! En hiver, nous y étions bien, mais de neige, toujours pas de traces à cette altitude.

Nous avons poursuivi en nous engageant dans le vallon de Charnier puis avons bifurqué vers la droite pour remonter les pentes de neige en direction de Vallon Pierra. La distance est conséquente nous avait prévenu un habitant de Maubourg. Nous avions discuté avec lui de la pluie et du beau temps, et il nous avait dit que la neige n’allait pas tarder à arriver car les grives étaient de sortie. Nous avons suivi l’itinéraire des skieurs de randonnées en nous basant sur l’ouvrage des 100 plus belles randonnées à ski dans le Haut Dauphiné (collection Rébuffat des éditions Denoël). Arrivés sous les contreforts de Vallon Pierra, nous avons décidé de couper court en attaquant la pente en zigzags et en crampons. Pente estimée à 40° par endroits que nous avons mis un certain temps à gravir pour déboucher sur l’arête faîtière. Quel spectacle ! D’un côté notre sombre déclivité, de l’autre une mer de nuage, derrière nous le sommet du Grand Ferrand, et devant l’invitation à atteindre le sommet depuis l’arête qui nous fit penser à celle qui mène à l’aiguille Verte en débouchant du col de la Grande Rocheuse, en plus riquiqui cela va de soi ! Mieux valait être précautionneux en foulant cette enfilade vers le ciel, les pentes de chaque côté faisant office de toboggans vers on ne sait quel futur !

L’endroit est exceptionnel, les nuages formant une mer veloutée où le regard se perd à l’horizon, tandis qu’approche le sommet. Après l’avoir atteint, nous avons bien tenté une redescente côté Sud, mais nous nous sommes vite aperçu que la pente était trop incertaine à ce moment de la journée. Retour en arrière donc pour finalement retrouver notre belle arête qui nous mena sans encombre jusqu’au petit col. De là, le retour s’effectua facilement mais… dieu qu’il fut long ! Nous finîmes la journée à la clarté de la lune, presque pleine, pour retrouver la voiture. Le retraité salué le matin nous attendait. « Hé bé, on avait peur que vous vous soyez perdus ! Nous voilà rassurés maintenant ! » Merci à ce couple d’avoir veillé sur nous pendant que nous prenions du bon temps dans les hauteurs !

Sommet de Vallon Pierra dans le Dévoluy

L’avant dernière journée nous mena dans un tout autre endroit, celui du massif du Taillefer et plus précisément sur le plateau des Lacs, un environnement vaste et protégé comme il se doit, un véritable enchantement pour la faune et la flore locale. Au-dessus d’Ornon se trouve un parking pour randonneurs qui permet de débuter l’ascension vers le Grand Galbert à 2561 m d’altitude en suivant un étroit sentier en zigzag où passe le GR 50. Ce dernier permet de déboucher sur un replat d’où l’on aperçoit un grand chalet d’altitude que nous avons pris pour le refuge du Taillefer mais que nenni !

Et évidemment, plutôt que de contourner les pentes en direction du véritable refuge, nous avons décidé de prendre tout droit (on adore les raccourcis en montagne !!!) en retirant les raquettes, étant donné que la neige faisait place à de la terre par endroits. Remontée mal aisée qui heureusement ne prit pas trop de temps, à la suite de quoi nous avons entrepris un très long cheminement en direction du sommet qui apparaissait loin devant. Heureusement, la neige étant excellente tout du long, nous avons sprinté en raquettes pour aboutir quelques demi-heures plus tard au sommet du Grand Galbert. Un sacré vent nous y attendait ainsi qu’une vue imprenable sur les pistes de ski de l’Alpe d’Huez, où plus exactement les pistes de terre, tout au moins pour celles situées au bas du domaine. De belles corniches s’étaient formées par le fait du vent. Nous les avons longées avant de replonger dans ce désert blanc en direction cette fois du véritable refuge du Taillefer. Nous l’avons atteint après avoir suivi un cheminement sauvage de toute beauté le long du ruisseau de l’Echaillon formant une petite gorge. Une belle boucle en définitive qui nous ramena gentiment au parking, clôturant ainsi cette splendide journée de janvier.

Sommet du Grand Galbert non loin du Taillefer

En ce quatrième et dernier jour, nous laissâmes de côté crampons et raquettes. Valbonnais est l’une des plus importantes communes du Valjouffrey. Elle est dominée au Nord par une montagne s’élevant prestement jusqu’à un sommet appelé le Coiro à 2607 m d’altitude, soit un dénivelé d’environ 1800 m en partant du centre ville. Nous n’avions pas pour but d’atteindre le Coiro, mais plutôt la charmante cabane de Belle Roche, située à environ 1600 m d’altitude. 800 m de dénivelé tout de même à travers un sentier ardu qui, par endroits, ne s’embête pas de virages en traçant droit dans la pente.

La cabane est ravissante et nous nous y sommes arrêtés pour « casse-croûter » en ayant pris soin de sortir table et banc pour nous installer face… au Dévoluy ! Des randonneurs de passage en ont d’ailleurs profités après nous. La boucle que nous avions prévue d’effectuer passe sous les barres rocheuses du sommet de la Cavale avant de se poursuivre vers la cabane de la Dreyre. Olivier avait déjà effectué ce cheminement et savait qu’à un endroit, un dégueuloir d’avalanches avait laissé un névé qu’il nous faudrait traverser. Lui-même avait failli être bloqué quelques temps auparavant, le dit névé s’étendant loin dans le ruisseau et empêchant toute traversée sans équipement approprié.

Le Dévoluy depuis la cabane de Belle Roche

En ce 8 janvier, le névé était certes toujours là, mais bien moins fier qu’il y a quelques semaines. En tout cas assez prononcé encore pour que l’on regarde avec attention où l’on posait nos grosses. Cette journée fut bizarre, le fond de l’air résolument printanier, une douceur extraordinaire, fort plaisante mais au demeurant inappropriée pour cette époque de l’année. Cependant, les grives ne s’étaient pas trompées puisque la neige fit son apparition quelques jours après notre départ.

Dans la montée vers la cime de la Jasse

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