Une histoire des refuges de montagne
Une histoire des refuges de montagne

Une histoire des refuges de montagne

Une histoire des refuges de montagne / Hervé Bodeau / Glénat

Ah qu’il est doux d’entrevoir enfin les lumières du refuge après une journée d’alpinisme ! D’autant plus lorsqu’on a essuyé un orage, passé des heures à redescendre de la montagne, voire pris quelques pierres au coin de la figure. Sans entrer dans ces extrêmes, un refuge de montagne est toujours synonyme de réconfort, de sécurité, et de la perspective de passer un moment inoubliable devant un repas fameux (les gardiens et gardiennes sont presque toujours des chefs hors pairs), avant de se glisser dans une couette ou couvertures et s’endormir paisiblement… à côté d’un ronfleur effréné !

Ces refuges constitués de solides blocs de pierre n’ont pas toujours été là. Auparavant, de simples huttes en bois ou de simples abris adossés à de gros rochers suffisaient à se protéger de la nature hostile. Ils ont été constitués au fil des siècles, l’un des premiers ayant été érigé à l’époque romaine pour venir en aide à ceux qui s’aventuraient du côté du col du Grand-Saint-Bernard à 2 469 m d’altitude. Aujourd’hui, certains font figure d’hôtel 4 étoiles perchés à plus de 3 000 m, l’exemple du refuge du Goûter à 3 835 m d’altitude étant un exemple frappant avec ses chambres cosy, ses douches chaudes et son grand réfectoire.

Le bivouac Chevalier et la Dent du Géant au fond à droite.

Hervé Bodeau, ivre de musique et de montagne, et grand admirateur des anciens qui ont pris de sacrés risques pour édifier ces cabanes sur les hauteurs, nous compte cette histoire des refuges dans un ouvrage richement illustré (photos, gravures, dessins, livres d’or, etc.). On y croise de grandes figures de l’alpinisme, mais aussi des hommes et femmes anonymes qui ont osé braver les dangers. On y fait le plein d’anecdotes sur la construction des abris (Vallot, Tuckett, etc.) ou de cabanes comme celle des Grands Mulets sur la voie historique de l’ascension au Mont Blanc. Il nous invite également à rencontrer quelques figures d’hier et d’aujourd’hui qui font « tourner » les refuges de main de maître, à l’image de Manon Navillod à Durier, en poste depuis 2010 (que nous avons côtoyée et dont on a apprécié les conseils lors de notre ascension au Mont Blanc par Bionassay en 2015) ou Marie Lacabanne (nom prédestiné !) qui fut l’hôtesse et la cuisinière du refuge des Grands Mulets de 1873 à 1893.

Le livre ne peut pas non plus passer sous silence le réchauffement climatique en cours. Hervé Bodeau le sait bien qui explique le concept des refuges sentinelles qui sont des lieux d’observation, d’études et d’échange entre sciences de la nature et de la société. Il ne pouvait pas non plus ne pas consacrer un chapitre à ce qui s’est déroulé en 2023 dans les Écrins notamment : « Une lave torrentielle a percuté le refuge du Chatelleret et modifié la physionomie du vallon », explique-t-il. Le refuge de la Pilatte a lui été fermé définitivement en 2022 pour cause de retrait glaciaire. Autre cause entraînant les mêmes effets, « On peut citer également le manque d’eau qui contraint certains refuges à terminer plus tôt la saison. La Selle dans les Écrins a dû déclarer forfait le 17 août pour la saison 2023. » Mais comme le dit l’alpiniste et scientifique Ludovic Ravanel, « les alpinistes forment une petite communauté qui sait s’adapter. » Et ainsi conclut Hervé Bodeau, « Oui, aujourd’hui on s’adapte. Affaire à suivre… »

Une histoire des refuges de montagne / Hervé Bodeau / Glénat / Avril 2024 / 25,95 €

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