Incursion dans les Écrins, un but, deux sommets
Incursion dans les Écrins, un but, deux sommets

Incursion dans les Écrins, un but, deux sommets

16 au 20 juin 2014 / Roche Faurio, Dôme de neige de la Barre des Écrins

Partira, partira pas ? Cette capricieuse météo de fin juin nous a une fois de plus obligé à changer notre fusil d’épaule en différant notre projet Mt-Blanc. Nous avons finalement ciblé le parc des Écrins et ses merveilleux sommets. Première étape en direction du refuge des Bancs, non loin de Vallouise dans les Hautes-Alpes, en remontant la jolie petite vallée de l’Onde.

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Après avoir garé le 4X4 rutilant (Olivier, tu pollues !) sur le vaste parking, nous avons poursuivi à pied la remontée le long du torrent surmonté de gigantesques névés, puis les derniers centaines de mètres de dénivelé directement sous le refuge pour déboucher sur une plateforme idéale pour une construction de la sorte. Un poulailler nous attendait ainsi que quelques lopins de terre où  des salades se battaient en duel. Le refuge des Bancs est un havre de paix ! Son gardien est d’une gentillesse à toute épreuve et la jeune fille chargée de la restauration une orfèvre ! Bref, on a bien mangé !!! Et bien bu aussi, étant donné que nous avons eu droit à du Génépi en apéro et en digestif.

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Cela, mais nous ne le savions pas encore, pour nous faire oublier la journée du lendemain, normalement prévue à escalader les dents de Coste Counier (http://goo.gl/DBTDDw). Nous nous sommes levés de bon matin bien reposés, mais hélas sous un ciel bien bouché. Nous avons progressé en direction de l’attaque de la voie, constituée d’une cheminée peu engageante et totalement dans le brouillard, au même titre que les dents elles-mêmes. Un peu désœuvré, nous avons patienté là une heure, histoire que le temps veuille bien se dégager, ce qui bien sûr ne s’est pas produit. Nous avons donc décidé de redescendre au refuge sans plus tarder… S’y trouvait une équipe du parc national des Écrins en repérage de bouquetins afin de leur passer un GPS autour du cou dans le but de suivre leurs déplacements (http://goo.gl/4myTqf). Eux non plus n’auront pas de chance, les bouquetins étant confortablement installés sur le versant opposé au refuge, sur des banquettes herbeuses en dessous de menaçantes barres rocheuses.

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Bref, impossible de les approcher ce jour ! L’équipe du parc est donc redescendue dans la vallée bredouille tout comme nous. Lors de la descente, nous avons croisé le fils du gardien qui montait rejoindre son père emportant sur son dos 30 kg de fruits et légumes. Du portage comme au temps de Frison-Roche… La pluie s’est ensuite mise de la partie si bien que nous avons décidé de rester en vallée et passer la nuit au chalet alpin CAF de l’Eychauda à Pelvoux, un ancien hôtel tenu de main de maître par un jeune gardien et sa femme. L’après-midi fut consacré à aller grimper au mur d’escalade situé à une minute de l’hôtel, tandis qu’il pleuvait sans discontinuer à l’extérieur. De très belles voies d’une quinzaine de mètres tout au plus nous ont fait agréablement passer le temps, à défaut de chevaucher les sommets ! Comme le temps semblait se remettre au beau, nous avons décidé de lever les voiles le lendemain matin pour notre seconde partie de semaine en direction du pré de Madame Carle (les curieux peuvent lire la légende de la belle ici : http://goo.gl/qYGsZZ) , un immense parking en haut d’un gigantesque cirque glaciaire ou se rejoignaient il y a de cela bien longtemps, le glacier Noir et le glacier Blanc.

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A cette période de l’année, il n’y avait pas encore grand monde, juste quelques voitures garées ça et là. Ce doit être autre chose au plus fort de l’été, d’autant que l’ascension au refuge du glacier Blanc n’est pas bien difficile et constitue un belvédère de choix sur la partie finale de la langue glaciaire. Celui-ci est d’ailleurs le plus vaste des Écrins avec ses 5 km de long. Il remonte jusqu’à la base de la Barre des Écrins mais… je n’aurais pas l’occasion de le découvrir dans toute son ampleur ce jour là puisque, bien que la météo se remette doucement au beau, le vue demeurait encore totalement bouchée. Arrivés au refuge, nous avons d’ailleurs un peu hésité. Du brouillard et de la pluie par intermittence à l’extérieur, une chaleur bienvenue quoiqu’un peu excessive à l’intérieur, des gardiens sympa, pas trop de monde, il s’en est fallu de peu que nous passions la nuit là. C »eut été dommage et Olivier n’a pas eu à me convaincre bien longtemps de continuer l’aventure jusqu’au refuge des Écrins. Nous voilà donc repartis sur la moraine du glacier, sur des rochers mouillés et glissant puis enfin sur le glacier lui-même où nous avons pris le soin de nous encorder.

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Nous sentions le gigantisme de l’endroit mais ne pouvions l’apercevoir, le brouillard nous masquant la vue et le silence rendant notre progression fantomatique. Impossible de se perdre pourtant, le gardien du précédent refuge nous ayant assuré que l’on voyait deux choses depuis la lune : « la muraille de Chine et la trace vers le refuge des Écrins ! ». Nous avons franchi un beau pont de neige, avons croisé quelques impressionnantes crevasses puis nous sommes arrivés au croisement des chemins, la première trace continuant vers le haut du glacier en direction de la Barre, la seconde se dirigeant vers le refuge perché au-dessus de nos têtes. Après une dernière « grimpette », nous avons fini par accéder à ce home sweet home où nous allions passer deux nuits.

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L’ambiance était studieuse, plusieurs cordées devant partir le lendemain matin pour Roche Faurio (http://goo.gl/KgDzKF) et le Dôme des Ecrins (http://goo.gl/KOwdok). Nous avons vite fait connaissance avec 3 alpinistes qui bivouaquaient juste à l’extérieur et qui, tout comme nous, avaient prévu de gravir Roche Faurio le lendemain. A l’extérieur, il continuait de neiger par intermittence et le brouillard était toujours aussi dense. Nous nous sommes levés à 4h15 et sommes partis à 5h00, bien après les cordées se dirigeant vers le dôme. A la bifurcation vers Roche Faurio, nous avons eu la désagréable surprise de ne plus apercevoir de trace. Les chutes de neige des 2 derniers jours avaient tout recouvert ! Olivier s’est donc chargé de « faire » une nouvelle trace que nos 3 « bivouaqueurs » flemmards emprunteraient par la suite sans oublier de nous remercier lorsqu’ils nous ont rejoints sur l’arête terminale.

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Quelle beau sommet que Roche Faurio. Aérien, surplombant, voilà un parfait belvédère pour admirer un panorama incroyable constitué de cette gigantesque montagne qu’est la Barre des Écrins et de son glacier d’un blanc immaculé à ses pieds. Des mois que je rêvais de parcourir ce cirque, rêve devenu réalité grâce une fois encore à mon très cher guide… merci Olivier ! Olivier a d’ailleurs cherché à m’emmener jusqu’au sommet mais hélas la neige des derniers jours  s’était accumulée au rocher si bien que l’ascension se révélait « banzai » comme l’on dit. De plus, il manquait un peu de « matos » pour assurer notre grimpe si bien que nous nous sommes contentés de l’arête terminale comme tout le monde ce jour-là.

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La descente ne fut pas bien compliquée et, de retour sur le glacier dans la matinée, j’ai convaincu Olivier de pousser jusqu’au col des Écrins afin de nous rapprocher de la Barre, de ses gigantesques séracs et coulées avalancheuses que je voulais voir de plus près, histoire de me faire peur ! Ce matin-là, les cordées parties à l’attaque du Dôme n’avaient en fait gravi que quelques centaines de mètres. Leurs traces étaient bien visibles à gauche d’une gigantesque coulée. Ce qui veut dire que la trace devrait être faite le lendemain matin. A nous de ne pas nous lever trop tôt ni trop tard, afin de partir derrière une première cordée qui nous ouvrirait la voie ! C’est du reste ce qui s’est produit étant donné que nous sommes partis derrière deux cordées, puis en avons dépassé une sur le glacier pour nous retrouver seconds.

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« C’est parti » m’a lancé Olivier lorsque nous avons débuté l’ascension, après avoir traversé l’énorme coulée. Nous avons ensuite évolué d’un bon pas dans une pente généralement à 35°, avons traversé quelques endroits tourmentés par les crevasses et passés non loin de barres de séracs. Le gardien du refuge conseillait d’ailleurs fort justement de « ne pas camper sous les séracs »… Chose que nous n’avons évidemment pas faite ! Je ne pouvais d’ailleurs m’empêcher de jeter un œil sur ces gigantesques et majestueux blocs de glace au cas où l’un d’eux viendrait à se détacher et fondre sur nous… Le gardien, encore lui, nous avait du reste dit la veille qu’il ne réveillait plus désormais les alpinistes pour le Dôme et la Barre avant 3h du matin afin qu’ils puissent progresser le jour naissant et repérer les éventuelles chutes de séracs puis y échapper en courant d’un côté ou l’autre de la pente…

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Arrivés non loin de la Barre, nos ouvreurs de traces ont attaqué tout droit dans le but de la gravir. Ayant choisi nous de nous diriger vers le dôme, Olivier a dû faire toute la trace sous la barre, parallèlement à la rimaye, jusqu’à son extrémité droite. Il a ensuite taillé quelques marches puis a franchi la rimaye, sur un pont de neige à cet endroit. Je l’ai suivi, puis nous avons rapidement atteint le Dôme (http://goo.gl/DzZ7Ea). Quel sublime point de vue ! Quelle belle journée, quelle chance d’être là avec sous nos pieds le non moins sublime glacier Blanc immaculé.

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Ce cirque et cette montagne sont à n’en pas douter l’un des joyaux des Alpes. Olivier souhaitait ensuite refranchir la rimaye à la brêche Lory, ce qui n’a pas été possible, le rappel étant inatteignable. Nous avons donc fait demi-tour et avons suivi nos traces de la montée tout en croisant d’autres alpinistes qui arrivaient à bon port. La descente fut rapide, tranquille mais toujours attentive, une glissade étant interdire à cette altitude. Comme nous devions tenir l’horaire, nous n’avions rien laissé au refuge, afin de ne pas perdre du temps et remonter inutilement sur cet éperon rocheux. Bien des fois je me suis retourné pour apercevoir encore et toujours le Dôme, la Barre et l’étendue du glacier, convaincu d’y revenir un jour. Puis nous eûmes droit à un autre cadeau, puisque avec ce grand beau temps, s’est offert à notre vue le majestueux Pelvoux, considéré pendant longtemps comme le plus haut sommet des environs, avant que la Barre, tapie tout au bout du glacier Blanc, ne soit découverte au XIXème siècle et gravie par Edward Whymper accompagné de W Moore et Horace Walker le 25 juin 1864.

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D’ailleurs, lorsque nous y étions, les festivités du 150ème anniversaire de cette première ascension étaient d’ores et déjà en préparation car devant se dérouler cinq jours plus-tard. Le Pelvoux donc, autre monstre des Écrins et son glacier suspendu, seront à n’en pas douter dans les années à venir l’une de nos prochaines destinations ! A suivre…

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