La Grande Casse par sa petite face Nord
La Grande Casse par sa petite face Nord

La Grande Casse par sa petite face Nord

21 juin 2018 / Petite face Nord de la Grande Casse

Voilà des années que nous rêvions de gravir le plus haut sommet de la Vanoise par cette élégante voie qu’est la petite face Nord (https://goo.gl/ouKicc). Nous avions tenté une première approche en avril dernier sans toutefois pouvoir mener notre projet à bien. Nous avions fait demi-tour au col de la Grande Casse, c’est à dire au pied des difficultés, à cause d’un virus pas tout à fait évaporé dans mes bronches. Deux mois après, ce fut la bonne !

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Vue de la face Nord depuis le col de la Grande Casse.

La neige ayant en partie fondue en juin sur le chemin menant au refuge du col de la Vanoise, nous eûmes moins de dénivelé à effectuer, la route des Fontanettes étant de nouveau ouverte. De plus, le 4×4 d’Olivier nous a transporté au-delà du parking officiel réduisant encore un peu plus la distance tout en polluant une bonne partie du parc ! L’approche vers le refuge est de toute beauté. La fonte n’étant pas achevée, nous avons traversé plusieurs névés et marché sur l’eau… le premier lac étant encore partiellement recouvert.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAAlors qu’en avril le refuge comptait de nombreux skieurs de randonnées, à cette période de l’année nous avons surtout croisé des alpinistes allant prendre le bon air sur les dômes jusqu’au mont Pelve ou la pointe du Dard, sans oublier la voie normale de la Grande Casse par laquelle nous redescendrions le lendemain. Nous étions les seuls ce jour-là à tenter la petite face Nord. Lever 3h00 pour un petit déjeuner fort matinal (on a l’habitude !) en compagnie d’un sénior (nous évitons nous-même de nous classer pour le moment dans cette catégorie…) attaquant pour sa part en solo la voie normale et qui, à la descente, dévissera sur plusieurs centaines de mètres sans se faire trop de mal.

Nous voilà donc repartis en direction du col de la Grande Casse tout en bénéficiant encore de vastes étendues neigeuses sur lesquelles l’on se déplace bien plus facilement que dans les infâmes éboulis de l’été. Arrivés au col, le soleil a pointé le bout de son nez, révélant la majestueuse face Nord, son sérac central, sa crête sommitale, la blancheur encore immaculée du couloir. Nous nous sommes préparés, crampons-piolet et nous voilà à l’attaque de cette longue pente, soit un couloir de neige d’environ 600 m de dénivelé à 40°, voire 45-50° dans sa partie finale.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAUn joli petit couloir Whymper en quelque sorte quoique moins austère. La première partie consiste en une traversée pour rejoindre sa partie inférieure. Nous nous sommes alors vite aperçus que le regel nocturne avait été inexistant. Olivier devait frapper la neige pour faire la trace, ce qui est à la fois fatiguant et chronophage. Nous avons fini par déboucher au pied de la pente, une magnifique envolée blanche vers le ciel. Je me réjouissais d’avance à la remonter, la difficulté ne paraissant pas ultime. D’autant qu’avec deux piolets à la suite d’Olivier, je n’avais plus qu’à poser mes pieds dans ses traces. Il souffrait et moi je me laissais porter vers le sommet.

OLYMPUS DIGITAL CAMERASauf que… arrivés à mi-chemin environ, nous sommes tombés sur des parties en glace recouvertes d’une file pellicule de neige. Fini la rigolade. Il fallait assurer la montée en sécurisant ces passages délicats au moyen de broches à glace. Chose qui fut faite sans trop de difficultés. Nous nous étions en fait trop éloignés du couloir de la petite face Nord et avons donc corrigé le tir en remontant vers la droite, d’autant plus que des marches étaient bien visibles un peu plus haut. Manque de chance, il s’agissait d’anciennes traces plus ou moins transformées en glace et inutilisables. Nous nous sommes donc contentés de les longer après une incursion dans une partie en rocher plus que douteuse où rien ne tenait…

Olivier s’étant un peu fatigué à force de tailler marche sur marche, j’ai pris le relais dans la partie finale et me suis bien amusé à gravir les quelques dizaines de mètres terminaux, la neige étant à cette altitude redevenue suffisamment molle pour que l’ascension ne soit que pur plaisir.

OLYMPUS DIGITAL CAMERANous avons débouché sur la fine arête neigeuse sommitale et somme restés assis là un petit moment, entre ciel et terre, le vide de part et d’autre. C’est alors que l’hélicoptère du PGHM a fait son apparition pour venir en aide au sénior infortuné (la vidéo du secours ici : https://goo.gl/L2AuTJ). Nous avons ensuite repris notre route sur le fil en direction du sommet après plusieurs passage de mixte, rocher, neige, etc. Le point culminant de la Grande Casse est un belvédère exceptionnel d’où émergent les grands de la Vanoise et d’ailleurs (Mont Pourri, Charbonel, Albaron, Mont Blanc…).

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Le sommet n’est plus très loin.

Comme nous sommes perfectionnistes, nous avons même été jusqu’à chevaucher l’arête finale délitée pour rejoindre le véritable sommet en rocher. Le temps de prendre quelques photos et nous voilà déjà sur le chemin du retour, même si l’élégante pointe Mathews (https://goo.gl/96vzqh) déployait ses charmes en notre direction… La descente de la voie normale par les grands couloirs n’est pas bien complexe et assez sûre même s’il fallait se méfier de la neige devenue très molle à cette heure de la journée. Seule une pente à 40° environ demandait un peu d’attention. C’est sans doute à cet endroit que la personne en solo avait dû dévisser.

OLYMPUS DIGITAL CAMERARetour sans encombre pour notre part avant de quitter précipitamment le refuge pour plonger dans la vallée à la recherche d’un gîte pour la nuit, le surlendemain étant synonyme de la future grande traversée Dôme de la Sache-Mont Pourri, mais cela nous ne le savions pas encore.

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