Les Aravis sont à (g)ravir !
Les Aravis sont à (g)ravir !

Les Aravis sont à (g)ravir !

Lundi 25 septembre : pic de Jallouvre -> voie des Cristaux suivie de l’arête des Bouquetins

Mardi 26 septembre : pointe Dzérat -> voie Prévent

Mercredi 27 septembre : pointes de la Blonnière -> l’arête à Marion

Jeudi 28 septembre : falaise de la Colombière -> Fanfoué des Pnottas

Notre virée automnale qui devait se dérouler au Mont Viso, aura finalement pris la direction des Aravis et ses parois d’escalade équipées. Non pas que nous manquions de temps, mais la météo capricieuse avait saupoudré de neige une partie des Alpes, et nous ne souhaitions pas nous retrouver à bivouaquer à 3800 m d’altitude dans des conditions non optimales… on a déjà connu ! Nous voilà donc partis en compagnie de deux blablacaristes sympathiques en direction d’Annecy d’abord, puis du Chinaillon ensuite, commune située au-dessus du Grand Bornand. Nous attendait là un studio Airbnb cosy dans un ensemble immeuble-chalet totalement vide à cette époque de l’année. Il était idéalement situé à 10 minutes environ du site d’escalade du pic de Jallouvre en direction du col de la Colombière, si bien que nous n’avons pas eu à nous lever à point d’heure pour pratiquer notre activité favorite. Cette première journée a donné le ton des jours suivants, à savoir un rythme endiablé visant à exploiter à fond ce créneau de 4 jours. Du reste, mes genoux s’en souvenaient encore une semaine plus tard !

Les lapiaz

La voie des Cristaux nous a rapidement plongée dans le bain, même si sa difficulté est toute relative. Nous avons fait connaissance avec le calcaire des lieux qui finira par avoir la peau (c’est le cas de le dire !) des doigts d’Olivier puisqu’il sera obligé de bander presque toutes ses dernières phalanges à la fin du séjour. Le rocher est en effet abrasif mais aussi remarquablement peu patiné, un must pour l’escalade, beaucoup moins pour le bout des doigts… Il est constitué par endroits de lapiaz, de même que la voie Fanfoué des Pnottas que nous parcourrons le dernier jour. Ces formations rocheuses caractéristiques des environs ont bien souvent été la cause de coincements de nos chaussons d’escalade et de notre corde. La voie des Cristaux s’élève donc doucement sur la face sud du pic de Jallouvre à travers 15 longueurs qui nous font gravir 400 m de dénivelé. L’aventure peut s’arrêter là, ou bien continuer vers l’arête des Bouquetins avec de nouveau 400 m de dénivelé.

Vue à 360°depuis l’arête des Bouquetins

Pour qui apprécie les envolées, nous conseillons d’enchaîner les deux voies, ce qui occupe bien la journée ! L’arête des Bouquetins, jamais difficile, toujours ludique, se pratique sous forme de jeu de piste en suivant des ronds rouges peints ici et là sur les rochers. Sans eux, difficile de s’y retrouver dans ce dédale de vires, escarpements, et grimpouille dans du 3. Le début du cheminement est intelligent et utilise les faiblesses de la paroi pour venir déboucher sur le début de l’arête qui se parcourt à corde tendue. La vue est remarquable sur l’ensemble de la chaîne du Mont Blanc. Un véritable régal pour les yeux à 360° jusqu’à son sommet d’où la totalité du parcours d’arête est bien visible. La descente, bien marquée, nous fait retraverser la paroi sur sa face opposée par un chemin transversal raide nommé la Cravate. Passage incroyable qu’il vaut mieux parcourir casque en tête et en dehors des mois d’hiver ! Lors de la descente du col du Rasoir, nous croiserons des bouquetins visiblement habitués aux passages des êtres à deux pattes.

Restait à affronter la difficulté la plus sévère… les chiens patous. Ces cerbères à 4 pattes ont parfois du mal à faire la différence entre un loup et un randonneur ! Mieux vaut passer au large de ces féroces gardiens. En escaladant la voie des Cristaux, nous avions pu constater à quel point ils font bien leur travail. Malgré la présence de la bergère (et de ses moutons), ils ont empêché un brave quidam bardé d’un sac à dos de poursuivre son chemin. Ses compagnons, plus téméraires, ont effectué un large détour tandis que lui, tenant sans doute un peu plus à ses mollets, a fini par abandonner et faire demi-tour. Quant à nous, perchés sur la paroi, nous étions un peu comme le corbeau de la Fable à observer ces valeureux randonneurs jouer leur vie au dés ! Cependant, je me disais bien que nous serions obligés, quelques heures plus tard, d’emprunter ce même chemin de descente. Heureusement, la bergère, ses chiens et ses moutons étaient partis voir ailleurs si l’herbe était plus verte nous laissant la voie libre pour nous en retourner dans nos pénates.

La première longueur de la voie Prévent

La deuxième journée fut consacrée à de l’escalade pure (et dure ?) sur cette belle voie ancienne nommée Prévent, également connue sous le nom de pointe Est du Midi de la pointe Dzérat. Située près du col de la Colombière, l’attaque se situe sur des vires aériennes après la traversée d’un pierrier malcommode. Une cordée de 3 grimpeurs était engagée sur la première longueur, une chouette dalle inclinée menant à l’un des premiers passages verticaux de la voie. Pourquoi n’en menais-je pas large alors que des spits parsemaient le chemin comme les petits bouts de pain du petit Poucet ? Peut-être à cause de la verticalité à venir de la paroi et du fait que le premier de cordée semblait éprouver quelques difficultés à passer ! Au pire, je n’aurais qu’à tirer aux dégaines 😉

Olivier s’est lancé sans trop de difficulté jusqu’au premier relais. La longueur suivante, grimpante, a finalement déroulé sans encombre après un peu de recherche de placement de pied. Nous avons rejoint la première cordée après un cheminement facile menant à un petit collu, et en avons profité pour nous remplir la panse. Nos confrères grimpeurs ont rebroussé chemin à cause de l’horaire, et aussi du fait qu’ils n’avaient pas trouvé les spits de la longueur suivante. Après avoir lesté nos estomacs, nous sommes repartis en direction de la suite des festivités.

Après avoir finalement trouvé des spits et réussi à prendre pied au début d’un court dièdre, Olivier m’a fait venir. La longueur était un peu ardue à ses débuts et se poursuivait en se redressant franchement. Une très belle partie où l’on s’élève sur du bon rocher. La suite n’est que pur plaisir ! L’ascension est verticale et gazeuze pour se terminer par un ressaut qu’il est possible d’éviter (et que nous avons évité !). De notre observatoire, nous voyions parfaitement bien les cordées engagées sur les longueurs finales en dalle de la voie Dzérat, Dzérat pas !, que nous avions envisagée avant de lui préférer l’arête à Marion. Nous sommes redescendus en rappel et vite rentrés pour préparer la journée suivante.

L’arête à Marion et son avant-dernière longueur

L’arête à Marion est un must du coin. Nous avons garé la voiture au col des Aravis et avons observé les combes à la recherche de ladite arête. Evidemment, du parking, elle n’est pas visible. Nous avions même un doute sur celle à remonter. Nous sommes néanmoins partis en direction d’une ferme que nous avons contournée, puis nous nous sommes engagés un peu à l’aveuglette sur les premières pentes avant de découvrir un peu plus haut la sente (officielle !) notée sur la carte IGN.

Une partie de l’arête se parcourt à corde tendue

La longue bavante de plusieurs centaines de mètres de dénivelé a alors débuté jusqu’à l’attaque de la voie, une belle dalle couchée qui donnait très envie. Elle s’est poursuivie par deux autres longueurs dont la dernière est formée d’un court ressaut en cheminée. Le rocher est ici patiné, preuve que tout le monde passe par cet endroit ! Cela nous a amenés à un replat herbeux puis au pied de ladite arête. Et c’est ici que débute le voyage vers le ciel. 10 longueurs au total principalement sur le fil, que nous avons parcouru pour une bonne partie à corde tendue. Mention spéciale pour les deux dernières, composée pour la première d’une dalle exceptionnelle, puis pour la seconde d’un court passage à même le vide avant un rétablissement en direction du sommet. Restait maintenant à redescendre les quelques 900 m de dénivelé ! Ce qui a nécessité un court rappel qu’on a eu du mal à trouver, puis une désescalade où il a fallu mutuellement nous protéger pour ne pas atterrir quelques mètres en contrebas. La suite des festivités ne fut pas de tout repos non plus pour nos genoux, tant le terrain est délité et pentu, tout du moins dans sa partie haute. D’ailleurs, lorsque nous progressions sur les premières longueurs, nous pouvions entendre des cordées redescendre dans la combe en entraînant avec elles de la caillasse. On a rejoint notre nid cahin-caha pour nous refaire une santé en vue du dernier jour qui, ouf, fut constitué d’une escalade facile et ludique.

Avec Fanfoué des Pnottas, nous avons brillamment conclu cette sortie de 4 jours sans aucun temps mort ! La voie est constituée de 9 longueurs, la plupart en dalles abrasives (Olivier y a encore laissé peau et sang !) excepté l’une d’elles formée d’un court ressaut athlétique. Le parcours y est ludique et adapté aux plus jeunes, à part le passage raide côté 4c/5. Bref, une belle ascension d’environ 130 m, parfaite en cette belle matinée ensoleillée de fin septembre. Après quoi nous avons plié bagage en direction d’Annecy, ses ruelles, ses canaux, son lac, et sa douceur de vivre. Puis un retour de plus vers Paris en compagnie de 2 blablacaristes sympas comme d’hab !

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